On pensait réussir à obtenir une entente avec les syndicats représentant les enseignants du Québec avant les Fêtes, mais à la lumière des dernières informations, rien n’est aussi certain, même que plusieurs observateurs de la scène politique demeurent sceptiques face à ce scénario. Néanmoins, admettons-le, rien n’est impossible, mais…
Le plus ironique de la situation, c’est que bien que plusieurs parents soient exaspérés par ce conflit, la forte majorité de la population appuie toujours les syndiqués du Front commun, formé de la CSN, de la CSQ, de la FTQ et de l’APTS.
Pourtant, nous n’avons pas l’impression que le Québec roule comme sur des roulettes, et avec la présente crise inflationniste que subissent les Québécois, et qui touche par ailleurs l’ensemble des Canadiens, on pourrait aisément penser que les citoyens appuieraient davantage la partie patronale, en l’occurrence le gouvernement. Visiblement, ça n’est pas le cas.
Pourquoi, alors ? Ne serait-ce pas le temps que les employés de la Fonction publique québécoise mettent la main à la pâte, et travaillent conjointement avec le gouvernement pour le bien commun ultime de la nation ? Ne devraient-ils pas comprendre qu’en situation inflationniste, et après avoir passé par trois ans de crise covidienne, où les enfants ont manqué plusieurs semaines d’école, qu’il faudrait tous ramer dans le même sens ?
Oui, en effet, ils devraient techniquement comprendre les circonstances en mettant de l’eau dans leur vin! Mais pourquoi diantre ces négociations traînent-elles ?
Le rapport de force
Toute bonne négociation est toujours dictée par le rapport de force entre les deux parties. Généralement, le fort tend à imposer sa volonté au plus faible, mais en pratique, c’est surtout celui qui perçoit sa position comme inférieure qui recule devant celui qui perçoit la sienne comme dominante.
Dans le cas présent, si l’opinion demeure toujours du côté des syndiqués, c’est que le gouvernement de François Legault souffre d’un déficit de crédibilité, puisqu’il ne recueille que 25 % des intentions de vote alors que le PQ, lui, en récolte 31 %. Par ailleurs, 63 % des électeurs se disent insatisfaits du gouvernement Legault.
Les chiffres pour la Coalition Avenir Québec sont aussi désastreux dans la région de Québec, car cette formation politique se retrouve désormais en quatrième position, alors que ce secteur était jusqu’à tout récemment leur château fort.
Les raisons de la chute de la CAQ sont maintenant bien connues de la population. Alors que ce parti a été longtemps adulé par la population, surtout durant l’ère covidienne, où la gestion par décret était la façon naturelle de fonctionner de ce gouvernement, avec en prime une opposition faiblarde et des médias pour la plupart complaisants, voilà que des pelures de bananes auto-infligées ont fait fléchir, voire même chuter les appuis aux troupes de François Legault.
Que ce soit la promesse reniée du troisième lien, alors que les bonzes de la CAQ savaient que cet engagement n’aurait pas lieu après l’élection générale de 2022; le revirement de François Legault sur cette question le lendemain de la défaite cuisante à la partielle de Jean Talon; l’histoire abracadabrante des Kings de Los Angeles, alors qu’on subventionne des millionnaires — voire des milliardaires — avec l’argent des contribuables; la hausse de 30 % du salaire et des dépenses des députés pendant les négociations avec les syndiqués du secteur public; tous ces épisodes expliquent pourquoi le gouvernement Legault n’a plus la crédibilité nécessaire pour faire fléchir la partie syndicale à son avantage.
La réalité est ainsi troublante pour le gouvernement en place à Québec. Bien qu’il reste à celui-ci un peu moins de trois ans à son deuxième mandat, il n’a actuellement plus assez de légitimité pour gouverner efficacement, faute de respect de la population. Les gens ne croient plus ce gouvernement!
En d’autres termes, la partie syndicale détient le gros bout du bâton, et sa réserve de sympathie, malgré la situation stressante pour plusieurs parents, est toujours remplie, bien qu’elle ne soit pas éternelle. Alors, qu’à l’inverse, le gouvernement Legault passe de crise en crise, étant incapable de se relever.
Et ça continue…
Par-dessus le marché, on apprenait récemment que coût de remplacement du toit et de l’anneau technique du Stade olympique oscillerait entre 750 millions et près de 1 G$! Cette démarche, dit-on, serait nécessaire pour attirer des événements d’envergure, comme des spectacles de la vedette américaine Taylor Swift ainsi que des matchs de la NFL.
« Taylor Swift, on l’échappe au Québec, parce qu’on n’est pas capable d’aller dans les stades, ce qu’aiment beaucoup les artistes », a déclaré la ministre du Tourisme Caroline Proulx, avant d’ajouter que « les dépenses touristiques associées à la présence de Taylor Swift du côté de Toronto sont de 1600 $ US par spectateur. 42 000 spectateurs fois cinq jours, c’est 350 M$ que le Québec et la métropole du Québec échappent ».
En somme, ce que la ministre Proulx nous dit, c’est que le remplacement du toit et de l’anneau technique du Stade olympique coûterait aux contribuables québécois environ deux fois et demie la construction du Centre Vidéotron, mais qu’on pourrait peut-être, en contrepartie, avoir des parties de la NFL, ou bien la présence d’une artiste de l’envergure de Taylor Swift. Bien évidemment, le Centre Bell, qui compte 21 302 places, ne pourrait pas, je présume, accueillir la star en question. Pourtant, en regardant sur le site du Centre Bell, j’ai vu de futures prestations de Madonna et d’Aerosmith à l’horaire…
Rappelons-nous le fiasco du système informatique de la SAAQ, qui ne devait coûter que 25 M$, dont au final on apprenait que le processus a coûté un demi-milliard de dollars, et peut-être même plus ; le 1 M$ en moyenne que doit débourser Québec pour la construction d’une chambre dans les maisons des aînés ; les 7 G$ offerts conjointement par Québec et Ottawa afin d’attirer l’entreprise suédoise Northvolt et son projet d’usine de batteries pour véhicules électriques. On se rend bien compte que nos « élites » sont complètement déconnectées du peuple, et qu’ils ont totalement perdu le sens des réalités.
Ne vous demandez donc pas pourquoi le gouvernement de François Legault est actuellement en position de faiblesse face aux syndiqués du Front commun, et que, malgré la situation, la population appuie majoritairement la partie syndicale. Souhaitons cependant qu’un miracle arrive!