Les premières mesures d’isolement décrétées par le gouvernement Legault afin de freiner la pandémie de coronavirus ont été décrétées il n’y a même pas une semaine. Pourtant, j’ai l’impression de voir un mauvais film catastrophe américain se dérouler sous mes yeux et j’appréhende déjà les prochaines semaines.
Il y a eu l’épisode du papier de toilette, maintenant les tablettes vides des supermarchés. Je m’en confesse, ma conjointe et moi n’avons pas fait de réserves quelconques. J’ai plus de débarbouillettes qu’il m’en faut à la maison, une laveuse et une sécheuse. Et si jamais les approvisionnements cessaient dans les supermarchés, je me dis que ce n’est pas les producteurs locaux qui manquent! Ne vivons-nous pas dans une région agricole?
Par contre, je me lave les mains. Je chante « Frère Jacques » chaque fois pour respecter les 20 secondes recommandées, ou « Oops!…I Did It Again » tel que suggéré par ma collègue de travail, hier. « I’m not that innocent », comme dirait Britney!
Côté job, mon patron a décrété le télétravail pour tous, jusqu’à nouvel ordre. Je reste donc à la maison, coupé du monde, mais pas tout à fait. Quoi de mieux que les médias sociaux dans pareilles circonstances pour rester connecté avec ceux qu’on aime? Ceux qui ont vécu la grippe espagnole, il y a 100 ans, nous envieraient sûrement…
Je défilais donc mon fil d’actualité Facebook ce matin. Tout ce que mes « amis » partagent est lié au coronavirus. Il y a le vrai et le faux – la désinformation n’a pas cessé simplement parce que la planète a décidé de se confiner pour le bien de la survie de l’humanité.
Mais comme si on n’était déjà pas assez anxieux dans les circonstances, on s’organise pour avoir encore plus peur. On s’abandonne donc plus aisément aux théories du complot, qui elles se raffinent constamment, ou pas : le coronavirus serait une arme bactériologique ou une invention des Démocrates américains afin de nuire aux chances de réélection de Donald Trump à la présidentielle prévue cet automne. Les Décrypteurs de Radio-Canada roulent à plein régime à tenter de démentir tout ça!
Imaginez quand on sera prêt à vacciner! Les histoires de peur vont reprendre de plus belle : l’autisme chez les enfants, ou ma préférée, l’injection par le vaccin d’une micropuce sous-cutanée pour mieux nous contrôler, comme au temps de la AH1N1. Je vous le dis, on n’est pas sorti du bois…
Le gouvernement Legault fait un point de presse par jour. Trudeau, quand ça lui dit. On mâche et on digère ce qu’ils nous disent de nouveau pendant 24 h, sous tous les angles inimaginables, sans rien apporter de plus pertinent sinon que des impressions qui nourrissent la peur. On a même prolongé les bulletins d’informations à la télé question d’étirer l’élastique au maximum!
Top Modèles n’a pas encore été arrêté – on n’a pas besoin d’un psychodrame de plus – mais on va débrouiller LCN, parce qu’il faut entendre parler du coronavirus chaque minute et chaque seconde de chaque journée, jusqu’à ce que… mort s’en suive? Les émissions de radio font toutes référence au virus. Les journaux sont tous consacrés à ça. Faut-il se surprendre d’en rêver la nuit?
Cherchons tout ce qui est fermé, annulé. Jusque-là, ça va, il faut bien informer. Et ceux qui demeurent ouverts? Dénonçons-les! À même titre que les touristes ou ceux qui reviennent de l’étranger et qui ne respectent pas la période d’isolement recommandée.
La chasse aux sorcières est commencée, il y a désormais deux clans : les « responsables » qui suivent les directives et les « insouciants » qui ne les respectent pas. Si l’hystérie collective se poursuit, il ne serait pas surprenant que le premier clan en vienne à souhaiter au deuxième d’attraper le virus, accompagné d’un : « Ça leur apprendra! » Surveillez le tribunal populaire des médias sociaux, c’est le genre de place où ce type de perle fait généralement irruption…
Heureusement, il y a aussi du beau, comme ces Québécois qui ont répondu à l’appel du premier ministre François Legault pour donner du sang. Je vais probablement faire la même chose, dès que mon rhume sera passé. Eh oui, je vous rassure, ce n’est qu’un rhume, et mon employeur a décrété le télétravail pour tous, ai-je besoin de vous le rappeler? Alors pas la peine d’envoyer une armée de Salem au pas de ma porte!
Bref, devons-nous prendre le COVID-19 à la légère? Non! Devons-nous donc suivre à la lettre les directives émises par la santé publique afin d’éviter la propagation? Oui! Devons-nous respirer par le nez, malgré l’ampleur de la crise et son caractère exceptionnel? Il serait sage, car le virus de la peur est quelque chose de beaucoup plus contagieux.