Placotons… Un réveil brutal

La clinique de dépistage de la COVID-19 à La Pocatière. Photo : Maxime Paradis.

Jusqu’à cette semaine, les Bas-Laurentiens vivaient de loin la pandémie de la COVID-19.

Jusqu’au 9 septembre, les gens de la région croyaient qu’ils étaient à l’abri, faisant bonne figure sur les bilans et se tenant loin de Montréal.

Puis, l’été est arrivé. Le relâchement a été visible : petits partys privés par-ci par-là, rencontres sportives, soirées en famille à 15, 20, 25… Un semblant de vie normale. Puis l’école et le travail ont repris et, bang ! Le réveil est brutal.

En raison de l’irresponsabilité de dizaines de jeunes de différentes régions qui ont participé à des fêtes au Kamouraska, qui ont fait le tour des bars à Rivière-du-Loup, ces gens qui se sentaient si épargnés sont maintenant frappés de plein fouet par la réalité.

Les jeunes se sentent invincibles, car ils savent qu’ils ne mourront pas de la COVID-19. Ils se disent qu’ils n’iront pas voir grand-maman pour deux semaines ou se tiendront loin de mon’oncle Roger à la santé fragile.

Sauf qu’ils oublient de voir plus loin que le bout de leur nez. Ces jeunes travaillent dans les restaurants, les commerces de la région. Ils ont des jeunes frères et sœurs qui vont dans les écoles primaires et secondaires. L’effet domino peut être énorme et nous vivons actuellement que la pointe de l’iceberg.

Comment expliquer que le Directeur de la santé publique doive menacer de faire appel à la Sûreté du Québec si les jeunes testés positifs ne se conforment pas aux directives sanitaires ? Ne se rappellent-ils pas du confinement total du printemps dernier ?

Toutefois, comment les blâmer si leurs parents ont organisé un BBQ de 40 personnes cet été ? Comment les blâmer si leur tante participe à des soirées karaoké ? Comment les blâmer s’ils lisent — et croient — des articles qui parlent de conspiration et de gouvernements qui manipulent les citoyens ?

Pour l’instant, tout ce qu’il y a de positif de ce gâchis auquel la Santé publique tente de mettre fin de nuit comme de jour, c’est que les gens du Bas-Saint-Laurent se réveillent. Un peu durement, mais se réveillent. Le vaccin et les médicaments devant contrer cette pandémie ne sont pas prêts. Il faut vivre avec cette maladie pour des mois encore. Chaque cas de COVID-19 éclabousse une famille, puis une autre, et une autre.

Ce sont des personnes âgées qui n’auront plus de visites. Des femmes enceintes plus anxieuses d’accoucher dans un tel contexte. Des jeunes privés d’activités et de cours en présence, encore une fois enfermés à la maison. Des pertes de salaires, des commerces fermés, bref une morosité alors que l’automne s’installe à peine.

Oui, il y a des « vieux » qui n’obéissent pas ou qui font du karaoké. Mais la situation qui dégénère présentement au Bas-Saint-Laurent provient sans contredit de jeunes qui n’ont pas réfléchi avant de faire passer leur désir avant ceux des autres, de leurs proches, de leurs familles, de leurs amis. Je suis sans mot quand j’apprends que, après avoir vécu le confinement comme tout le monde, des jeunes refusent de s’isoler ou ne coopèrent pas en disant où ils sont allés alors qu’ils sont infectés. Ils ont quoi ? 17, 18, 19 ans ? Ils ont toujours des parents, non ? Même s’ils n’ont peut-être plus la même emprise sur eux qu’avant, peuvent-ils leur faire entendre raison pour les inciter à collaborer avec les autorités sanitaires ?

Cet épisode mérite que tous se regardent le nombril quelques minutes. Ensuite, replaçons-nous. Nous avons encore beaucoup de pain sur la planche.