Le domaine agricole québécois étant en crise, à l’instar de celui en Europe, plus de 500 agriculteurs bas-laurentiens, escortés de 200 tracteurs, se sont mobilisés le 8 mars dernier devant le bureau de la ministre régionale Maïté Blanchette Vézina, paralysant au passage le centre-ville de Rimouski.
Tous solidaires, ils ont lancé un cri du cœur demandant au gouvernement du Québec une meilleure reconnaissance de la profession agricole. Celle-ci serait de plus en plus malmenée, entre autres par la hausse des taux d’intérêt, celle du coût des intrants, ainsi que par les aléas associés aux changements climatiques.
Selon Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), la situation dans le milieu agricole demeure plus critique que jamais, puisque le revenu net des agriculteurs a diminué de 49,2 % en 2023, et ce, malgré des recettes sans précédent.
Pire encore, on prévoit qu’en 2024, le revenu net agricole diminuera de 86,5 %, une situation qui n’a jamais été observée depuis près de 100 ans au Québec, et qui provoque l’appauvrissement des agriculteurs de la belle province.
« L’agriculture nourrit les gens, c’est le pilier de notre société. Sur le terrain, une multitude de facteurs nuisent de plus en plus à la rentabilité de nos fermes; le moral des producteurs est au plus bas, et les fermetures qui se multiplient dans la région représentent le symptôme le plus évident des difficultés économiques rencontrées par nos producteurs. Il y a urgence d’agir si le gouvernement ne souhaite pas que le Québec se retrouve avec une assiette vide », a déclaré Nathalie Lemieux, présidente de la Fédération de l’UPA du Bas-Saint-Laurent.
Mathieu Rivest présent
Les agriculteurs rassemblés à Rimouski souhaitaient rencontrer la ministre responsable de la région du Bas-Saint-Laurent, Maïté Blanchette Vézina, afin de lui exposer leurs difficultés, tout en réclamant un plus grand soutien gouvernemental. Celle-ci étant absente pour des raisons de santé, une seconde rencontre a été fixée au 15 mars. Par contre, le député de Côte-du-Sud, Mathieu Rivest, s’était quant à lui déplacé pour l’occasion, et s’est adressé à la foule présente.
« Notre gouvernement a toujours prêté une oreille attentive aux besoins des agriculteurs, et nous travaillons sans relâche pour apporter des solutions concrètes et innovantes. Je partage d’ailleurs les propos de mon collègue, le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation André Lamontagne, qui mentionne l’étroite collaboration du gouvernement avec le secteur agricole afin de rester mobilisé », a-t-il dit, avant d’ajouter qu’il fallait aider le secteur agricole à jongler avec ses nombreuses contraintes, notamment en réduisant le fardeau administratif et réglementaire, en plus de faire face aux changements climatiques. « Nous continuerons à avancer en ce sens, ensemble! »
Parmi leurs nombreuses revendications, les producteurs agricoles désirent une bonification de l’aide à la relève, une actualisation des programmes de gestion de risque, un plafonnement des taux d’intérêt, du soutien face aux changements climatiques, des allègements réglementaires, une meilleure protection du territoire et des activités agricoles, une diminution de la paperasse, une réciprocité des normes avec les pays qui vendent leurs produits agroalimentaires en sol québécois, et des programmes d’aide plus efficaces.
Rappelons qu’avec moins de 1 % du budget de l’État consacré à l’agriculture, le Québec et le Canada sont parmi les endroits au monde où le soutien au milieu agricole est le plus faible, bien loin derrière les pays de l’OCDE, les États-Unis ou encore l’Union européenne.
Déception au budget Girard
L’UPA est d’ailleurs amèrement déçue de ne pas retrouver dans le dernier budget Girard des mesures financières musclées pour venir en aide aux milliers d’entreprises agricoles aux prises avec de graves difficultés en raison de l’inflation, de l’endettement, ainsi que de la flambée des taux d’intérêt.
« C’est un choix mal avisé, à un bien mauvais moment. Les productrices et producteurs comprennent très bien l’ampleur des contraintes budgétaires du gouvernement. Passer outre les attentes légitimes d’un secteur qui a démontré à maintes reprises son engagement et sa résilience ne peut qu’engendrer de la déception, voire même de la frustration chez ceux et celles qui y verront une indifférence flagrante quant à leurs besoins et préoccupations. Les autorités gouvernementales concernées auraient tort de sous-estimer ce mécontentement », a affirmé le président général de l’UPA, Martin Caron.

