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Plusieurs interrogations sur le futur du marché de l’emploi

Le télétravail pourrait ouvrir la porte à la migration en région. Photo : Simon Abrams (Unsplash.com).

Alors que la pénurie de main-d’œuvre était l’enjeu sur toutes les lèvres avant la COVID-19, beaucoup d’inconnu demeure toujours quant au futur du marché de l’emploi dans la région. Questionnés à cet effet, deux organismes en employabilité de la région s’attendent à des changements importants.

La directrice générale de SAE Kamouraska, Anne-Marie Lapointe, est d’avis que les prochains mois seront très différents des cinq dernières années. Selon elle, le marché qui était favorable aux chercheurs avant la pandémie devrait cette fois-ci être plus bénéfique pour les employeurs.

« Ça va durer un temps, mais la réalité démographique devrait finir par nous rattraper une fois que les mesures de distanciation physique prendront fin », prédit-elle.

Des lendemains difficiles sont aussi à prévoir pour ceux qui travaillaient au sein d’une même entreprise depuis plusieurs années. Celles qui ne réussiront pas rouvrir leurs portes laisseront derrière elles un nombre important de travailleurs expérimentés qui devront repartir de zéro. Dans ce contexte, ceux qui étaient déjà éloignés du marché de l’emploi, parfois pour une question de compétences, risquent d’être encore plus isolés devant ce flot de nouveaux travailleurs expérimentés désormais disponibles.

« Même si ce n’est pas dans notre mandat, on s’attend à beaucoup plus de soutien psychosocial auprès des chercheurs. On va devoir travailler sur les « deuils » pour un moment », poursuit Anne-Marie Lapointe.

Migration

Si Édith Samson, directrice générale de Projektion 16-35, estime qu’il est difficile pour le moment d’évaluer le futur du marché de l’emploi, elle avoue s’attendre à un certain engouement des jeunes pour la migration en région. Le Kamouraska ayant déjà la cote depuis plusieurs années via le service Place aux jeunes en région, elle croit que cet intérêt ne devrait pas s’estomper.

« On enregistre environ 30 à 35 migrations au Kamouraska par année grâce au programme. Même si on a annulé notre séjour de groupe ce printemps, on va continuer notre accompagnement individuel », précise-t-elle.

Et grâce au télétravail qui semble s’être installé de façon durable au sein de plusieurs entreprises, Édith Samson rappelle qu’il sera désormais possible de réaliser une migration en région pour certains, sans avoir à se dénicher un emploi localement. Le temps d’arrêt et de remise en question qu’a provoquée la COVID-19 chez certains pourrait donc agir comme accélérateur de cette migration, notamment chez les jeunes en milieu urbain désireux de maintenir ce rythme de vie beaucoup plus lent, ajoute-t-elle.

Inconnues

Si certaines anticipations semblent plutôt prendre l’allure de certitudes, plusieurs inconnues demeurent. Anne-Marie Lapointe se questionne, entre autres, sur le cas des travailleurs de plus de 60 ans à l’approche de la retraite.

« Les commerces rouvrent, mais on sait que les risques vont demeurer pour un moment autour du virus. Ces travailleurs qui sont à l’aube de la retraite retourneront-ils travailler ou profiteront-ils plutôt du fait qu’ils sont arrêtés depuis quelques semaines pour devancer leur projet de retraite? », questionne-t-elle.

Édith Samson se demande également si les 16-35 ans, la clientèle desservie par son organisme, retourneront tous au travail massivement au fur et à mesure que les entreprises rouvriront. Des inquiétudes existeraient chez plusieurs d’entre eux, selon elle.

« Combien de temps ça va durer? On ne le sait pas. Mais à court et moyen terme, oui, il y a de l’inquiétude chez certains. Pour les entreprises qui sont prêtes à reprendre leurs activités maintenant, si les gens décident de se mettre au neutre et d’attendre avant de retourner travailler, ça risque d’être difficile pour elles de recruter », conclut-elle.