L’historien peut s’intéresser à tout. Prenons l’exemple des portes et des fenêtres des vieilles maisons de la Côte-du-Sud. Sujet banal en apparence, mais quand on l’examine de près, on découvre que ces pièces de menuiserie parfois étonnantes ont été fabriquées dans les boutiques d’artisans menuisiers de la région.
Yves Hébert
La fabrication des ouvertures des maisons dépend de la disponibilité du bois et de la proximité d’un moulin à scie. À la fin des années 1930, le comté municipal de L’Islet compte une vingtaine de boutiques de menuiserie.
Avec l’atelier de meubles du Collège de Sainte-Anne, le comté de Kamouraska en compte neuf. Dans les boutiques des artisans menuisiers, la production se fait sur commande. C’est le cas dans les années 1930 pour Amédée Laurendeau à Saint-Jean-Port-Joli qui avec ses deux employés peut fabriquer 15 portes et 60 châssis en une année et même plus. Outre les portes et les châssis, le menuisier Aubert Cloutier de Saint-Aubert construit des cercueils.
À Sainte-Louise, l’artisan menuisier Edmond Picard fabrique une dizaine de portes et châssis par année.
Né en 1881 à Saint-Louise, Edmond Picard fait son apprentissage auprès de son père. Héritant de la boutique de son père en 1901, cet artisan menuisier varie son travail en fonction des saisons. L’été, il construit des granges et prend soin d’installer au sommet de leurs campaniles une girouette en forme de cheval. L’automne et l’hiver, il affûte des outils pour les bûcherons, construit des portes et fenêtres et même des roues avec le charron de la paroisse Phydime Saint-Pierre.
Enfin, on ne peut passer sous silence l’artisan menuisier et sculpteur de Sainte-Jean-Port-Joli, Servule Morneau. En 1950, la photographe Lida Moser a immortalisé cet humble artisan devant les fenêtres et la magnifique porte sculptées de sa maison.