L’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS) indique que les observations préliminaires du Bureau du coroner en chef du Québec et de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) ne révèlent pas d’augmentation du taux de mortalité par suicides en 2020 attribuable à la pandémie. On continue de recenser en moyenne trois suicides par jour.
Habituellement, les statistiques prennent trois ans à être officialisées et publiées. Un traitement rapide et continu des données a été effectué pour tenter de savoir si la première année de la pandémie a mené à un plus haut taux de suicide et il s’avère que non. On s’attend aussi que 2021 demeure stable.
« On voit que les facteurs de risque reliés au suicide ont augmenté, mais en contrepartie, les facteurs atténuants, soit les effets de protection, ont augmenté », indique Jérôme Gaudreault, directeur général de l’Association québécoise de prévention du suicide.
Il cite en exemple, le sentiment d’être utile dans la lutte à la propagation de la maladie, l’adaptation pour voir ses proches avec les Zoom et visioconférence et aussi la notion de bulles familiales qui se sont créées et renforcées.
Toutefois, le début de 2022 semble marquer un changement de ton. Le retour au confinement rend plus moroses et plus agressifs les gens vulnérables, selon ce qui a été remarqué sur les lignes d’écoute. On estime aussi que les contrecoups peuvent être à plus long terme, bien après la fin de la pandémie.
Une anomalie s’impose néanmoins dans les statistiques rendues publiques ces derniers jours. On observe une hausse marquée des hospitalisations pour idées suicidaires et tentatives de suicide chez les jeunes filles de 14 à 19 ans, une tranche d’âge où le nombre de suicides est très bas.
« Ça nous questionne beaucoup. Il faut évaluer s’il y a plus de détresse ou si on prend plus au sérieux ces idées suicidaires », indique M. Gaudreault.
KRTB
Au Bas-Saint-Laurent, les données se limitent toujours jusqu’à 2019. La stabilité est présente avec une trentaine de suicides par année.
Sur le terrain, si le nombre de nouvelles personnes qui ont accepté les services du Centre de prévention suicide du KRTB n’a pas nécessairement explosé cette dernière année, les appels téléphoniques sont plus nombreux, tout comme les soutiens individuels.
En effet, depuis quelques années, on remarque une constante dans l’augmentation des soutiens et des appels, indique-t-on au Centre de prévention suicide du KRTB. « Nous tentons d’être de plus en plus présents, la démystification de la demande d’aide, les formations qui sont déployées à grande échelle sur le territoire. Nous aimons croire que les gens sont plus sensibilisés à la cause et osent demander davantage de l’aide », indique Julie Jalbert, directrice générale et responsable clinique.