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Projet IMPACT 2023 : « Amusez-vous, mais prévoyez le coup »

Projet IMPACT à Rivière-du-Loup. Photo : Christine Beaudoin

Ce n’est la matière préférée de personne, mais le silence plane. Les élèves de cinquième secondaire rassemblés dans l’amphithéâtre du Centre culturel Berger de Rivière-du-Loup ont l’attention rivée sur la scène. À l’approche de leur bal des finissants, ces jeunes assistent à des présentations visant à les sensibiliser aux dangers de la conduite avec facultés affaiblies, dans le cadre du Projet IMPACT.

Pour plusieurs, la célébration de la fin du secondaire est un jour très excitant. C’est ainsi que débute la première vidéo présentée, mettant en scène trois adolescents. En route vers leur bal, le conducteur tente de répondre à des textos qui alimentent son enthousiasme. On se doute bien de la suite : cette distraction cause un accident. L’erreur du jeune homme coûte à son ami l’usage des jambes, et à sa copine, la vie. De son côté, le conducteur écope de quatre ans de prison parmi d’autres lourdes conséquences.

« Vous pensez que nous avons un malin plaisir à vous arrêter », affirme le sergent Dave Ouellet, qui ouvre l’événement. « Mais si c’était le cas, on ne serait pas là aujourd’hui, devant vous. C’est la prévention, pas les interceptions, qui évite que des vies soient brisées. »

Premiers intervenants

À leur tour, des ambulanciers, souvent les premiers sur une scène d’accident, font écho au message de prévention. « Oui, on fournit des soins, mais on ne peut pas faire de miracle », se désole Samuel D’Auteuil, paramédic . Quoiqu’ils soient formés pour effectuer de la réanimation cardiaque, « quand il y a un traumatisme, les chances de succès d’une réanimation sont de moins de un pour cent ». « Prenez la bonne décision », insiste-t-il.

L’agente Marie-Andrée Morneau et le sergent Roberto Lévesque, experts en reconnaissance de drogues, ont présenté les 12 étapes de leur protocole. Que ce soit l’alcool, le cannabis, ou encore un médicament prescrit, « nous sommes formés pour les reconnaître », préviennent-ils.

 « Conduire, c’est un privilège, soutient d’ailleurs l’agente. Chaque fois que vous croisez quelqu’un sur la route, dites-vous que cette personne a des collègues, des amis, une famille… si jamais vous consommez, s’il vous plaît, ne conduisez pas », conclut-elle.

Conséquences

« Vous êtes avec vos amis, sur le point de faire un voyage dans le Sud. En embarquant dans l’avion, vous voyez les pilotes s’allumer un bat. Restez-vous dans l’avion ou bien en sortez-vous? » Alexandre Dombrowski, employé à la SAAQ, ouvre ainsi sa présentation sur les conséquences économiques d’une infraction pour conduite avec facultés affaiblies.

« Je suis là pour vous faire sauver de l’argent », dit-il avec humour, sans pour autant prendre le sujet à la légère. Il explique notamment comment « un verre ou un joint à 5 $ » peut finir par en coûter minimalement 1800, voire 6000, si on choisit de prendre le volant en étant encore sous leur influence. Considérant que la moitié des conducteurs âgés de 16 à 19 ans décédés dans un accident de la route auraient eu du cannabis dans le sang, on comprend que le coût de ce choix peut être bien plus important.

Son message n’est pourtant pas celui de l’abstention : « Faites la fête, amusez-vous, mais prévoyez tout de suite vos solutions, comme dormir sur place, prendre un taxi, demander à quelqu’un de venir vous chercher. Oui, le taxi coûte cher, mais bien moins que de perdre son permis ou sa vie. »

Romain Villaret, professionnel en traumatismes craniocérébraux (TCC) est ensuite venu sensibiliser les jeunes dans la salle aux risques pour la santé physique des accidents de la route. S’adressant à son public tel un grand frère protecteur, il souligne l’importance de « vraiment prendre soin de son cerveau. » Parmi ses statistiques percutantes, 45 % des TCC au Québec seraient issus d’accidents de la route, et les TCC seraient la cause principale de décès pour les personnes en deçà de 35 ans.

L’événement s’est conclu avec des témoignages de jeunes adultes touchés par la mortalité routière. Jérémie Ouellet savourait une journée resplendissante à bord d’une voiture. Il partageait sa joie de vivre avec ses amis, et du cannabis. Lorsque la personne au volant s’est jointe à la consommation, elle se mit à faire des excès de vitesse allant jusqu’à 160 km/h. « Il y avait une petite voix dans ma tête qui me disait que j’étais en danger », se rappelle Jérémie Ouellet, qui regrette de ne pas avoir demandé de se faire laisser sur le bord de la route. L’accident qui s’est ensuivi lui a infligé une fracture à la troisième et à la septième vertèbre, mais « un tonneau de plus, et [il] ne sentait plus ses jambes ». « Écoutez-la, cette petite voix », ne cesse-t-il de répéter.

Pour sa part, Cassandre Bastille-Sirois n’était pas à bord du véhicule lors de l’accident fatidique qui l’a marquée; c’était sa meilleure amie. Même si elle sait très bien qu’elle n’est pas responsable de ce malheur, elle porte la culpabilité d’avoir envoyé le texto qui aurait distrait son amie au moment où elle s’est fait happer. « Regardez votre meilleur ami, demande-t-elle aux élèves dans la salle. Imaginez ça serait quoi de ne plus pouvoir lui parler demain matin. »

Le même événement s’est tenu à La Pocatière le lendemain.