Rapport de la vérificatrice générale : Pas de surprise au Cégep de La Pocatière

Marie-Claude Deschênes.

Le récent rapport de la Vérificatrice générale du Québec concernant la gestion du parc immobilier des cégeps révèle des constats alarmants quant à l’état des infrastructures et à la gestion des fonds alloués à leur entretien et à leur rénovation. Le Cégep de La Pocatière a même été pris en exemple.

« Il n’y a aucune surprise en ce qui nous concerne. Le rapport traduit essentiellement ce que nous constatons », commente la directrice générale du Cégep de La Pocatière, Marie-Claude Deschênes.

Le rapport, réalisé avec un échantillon de six établissements collégiaux, souligne que le pourcentage des bâtiments des cégeps en mauvais état est passé en cinq ans de 24 % à 65 %. La Vérificatrice générale remet en question le financement accordé par le ministère de l’Enseignement supérieur (MES), qui ne correspond pas toujours aux priorités identifiées par les cégeps. Le processus, long et inefficace, est aussi ciblé. Cette situation a notamment mené à la fermeture de certaines infrastructures en raison de leur dégradation avancée.

Le cas du Cégep de La Pocatière illustre parfaitement les problèmes soulevés par le rapport. La demande de financement du projet de réfection des résidences du campus principal, classé en priorité 2 par le Cégep, a été refusée par le MES au profit d’un projet d’acquisition d’une résidence pour le Centre d’études collégiales de Montmagny, pourtant classé en priorité 5. Cette décision a forcé le Cégep à fermer l’un des bâtiments des résidences, en raison de moisissures et de la menace d’effondrement d’un mur.

« Nous sommes tout de même allés de l’avant avec la réfection de ce bâtiment, qui se terminera en août. Avec la pénurie de logements pour nos futurs étudiants, il était d’autant plus important de procéder, poursuit la directrice générale. À Montmagny, le besoin est là. Nous y avons besoin d’une résidence étudiante, mais entre acquérir quelque chose qui n’existe pas, et rénover une résidence que l’on est obligé de fermer en pleine pénurie de logements, la priorité est évidente et aurait dû être respectée. Pourquoi ça ne fut pas le cas? Je ne le sais pas. »

Délais interminables

La question des délais interminables est aussi mise en cause dans le rapport. « La machine est lourde, et le processus complexe. Ce sont des personnes différentes qui analysent les projets, et elles travaillent en silo. En fin de compte, ça donne des incongruités, comme notre piscine qui a dû être fermée, alors qu’elle est en haut de la liste de nos priorités depuis 2020 », note la directrice générale. Un financement a bien été accordé suite à cette demande de 2020, mais il consistait en la réalisation d’une étude devant expliquer en détail les problèmes, et la confection d’un plan fonctionnel et technique.

« Nous n’avons reçu la réponse qu’en 2023. Mais entretemps, non seulement la dégradation s’était aggravée, mais lorsque nous l’avons vidée, nous avons constaté que la situation était plus grave qu’on le pensait, et nous n’avons jamais pu la rouvrir. Le MES nous a alors demandé de recommencer le processus, et de présenter une autre demande, parce que le montant avant changé. Mais nous sommes en mai 2024, et je n’ai toujours pas de réponse. Lorsque je l’aurai, rien ne me garantit que le coût de projet sera le même, et il faudra peut-être encore recommencer. »

Cette infrastructure est importante pour la population, incluant les étudiants, puisqu’elle constitue aussi un lieu de loisirs et de pratique de l’activité physique.

Sous-financement

La question du sous-financement n’a pas fini de faire couler de l’encre, puisque les investissements prévus pour les prochaines années ne couvrent pas la moitié des besoins réels. De 2023 à 2028, un montant de 608,6 millions $ est alloué au maintien d’actifs, alors que c’est le double, 1,7 milliard $, qui serait nécessaire pour combler le retard accumulé.

La Vérificatrice générale estime nécessaire de revoir en profondeur le processus d’attribution de fonds pour la gestion des infrastructures des cégeps, d’augmenter le financement alloué, et de mettre en place des mécanismes de suivi et de contrôle plus efficaces. La sécurité et le bien-être des étudiants et du personnel des cégeps en dépendent. Les choses changeront-elles? Marie-Claude Deschênes l’espère.

« Les délais nous amènent dans l’inefficacité. Actuellement, il y a trop d’intervenants. Je souhaite que l’on puisse jumeler les cégeps à une même personne qui pourra évaluer les besoins collège par collège, et non à partir d’enveloppes budgétaires. Nous connaissons nos besoins. J’espère que le rapport permettra ce type de rapprochement. »

La piscine du Cégep en des jours meilleurs. Photos : Archives Le Placoteux