Réouverture des restaurants : Des restaurateurs de la région frileux

La salle à manger de Mamie Kamouraska en 2018. Photo : Archives Le Placoteux.

Des restaurateurs de la région ne rouvriront visiblement pas leurs salles à manger au public, le 15 juin prochain. Selon ceux interrogés, les directives édictées par la santé publique sont beaucoup trop restrictives pour qu’ils puissent procéder à cette réouverture.

Parmi ces règles, mentionnons la désinfection régulière des comptoirs, poignées de porte, tables, chaises et menus. Si aucune limite de clients n’est imposée, une distanciation de deux mètres entre eux sera nécessaire s’ils ne proviennent pas du même foyer, à moins qu’une barrière physique ne les sépare.

À l’Auberge Cap Martin, la copropriétaire Marielle Bélanger ne voit pas comment elle sera en mesure d’opérer, sinon à 25 % de la capacité de salle à manger actuelle, ce qui est complètement irréaliste en matière de rentabilité. L’obligation de porter masques et visières ou lunettes de sécurité pour le personnel en salle n’a également rien de très convivial pour le service aux tables, ajoute-t-elle.

« Depuis le début de la crise, on n’a jamais arrêté. On a misé sur un menu pour emporter et depuis trois semaines on a développé une formule casse-croûte. Des tables à pique-nique ont été installées de façon distancée dans notre stationnement pour celles et ceux qui voudraient manger sur place. Notre clientèle répond bien jusqu’à maintenant de cette façon et nous en sommes reconnaissantes. Pour cet été, on estime qu’il est plus prudent pour nous de maintenir cette formule. On verra à l’automne ce que nous ferons, en fonction de la situation qui prévaudra à ce moment », indique-t-elle.

Mamie

Chez Mamie Kamouraska, le propriétaire Madi Hassaoui partage les mêmes préoccupations citées par Marielle Bélanger. S’il avoue être heureux de pouvoir renouer avec sa clientèle, il préfère poursuivre avec sa formule de menus pour emporter mise en place il y a trois semaines.

Pour lui, les mesures préconisées pour inciter à la réouverture des salles à manger sont confuses et irréalistes. Ne serait-ce qu’avec sa formule pour emporter actuelle, il avoue être à même de constater que la distanciation physique est un concept difficile à faire respecter en tout temps, même s’il opère avec le meilleur respect possible des règles de prévention.

Le déconfinement étant bel et bien entamé, il croit qu’il sera de toute manière difficile de limiter la propagation du virus. Dans un contexte où des cas non diagnostiqués et d’autres asymptomatiques côtoieront des personnes non infectées à des périodes clés d’achalandage — lire l’heure habituelle des repas — le risque zéro est pratiquement impossible à gérer, rendant tout simplement impossible l’application de règles strictes de désinfection, selon lui.

« Les surfaces qui présentent un risque de contact sont nombreuses : tables, banquettes, dossier et siège de chaises, surface de comptoirs, poubelles, poignées, machines de paiement, murets, portes et fenêtres et j’en oublie… Il est utopique de croire qu’il sera possible de stériliser toutes les surfaces entre chaque tablée », a-t-il déclaré.

Madi Hassaoui est catégorique, la santé publique est assurément consciente de l’impossibilité de prémunir les clients de tout risque de contagion. Par contre, si elle permet tout de même une réouverture des établissements de restauration, c’est qu’elle considère que le risque actuel de propagation est mineur pour la population.

« Si tel est le cas, je leur prie de nous donner l’heure juste et leur aval pour une ouverture beaucoup moins restrictive, quitte à restreindre l’accès aux salles à manger et aux terrasses pour les individus plus à risque. Si par contre, les risques sont trop élevés, je considère qu’il serait dans l’intérêt commun de reporter l’ouverture des restaurants jusqu’à ce que les données soient en faveur d’une ouverture plus normale », conclut-il.