Résidence pour aînés : s’adapter pour le bien des résidents

Devant : Anne-Marie, Charles-Étienne et Benjamin-Alexandre, trois enfants du couple et derrière, les copropriétaires Yvon Soucy et Nancy Lavoie. Photo : Courtoisie.

Depuis la période d’isolement décrétée par le gouvernement pour les personnes de plus de 70 ans et plus, l’équipe de la résidence Pierrette-Ouellet de Mont-Carmel met tout en place pour que les 32 résidents vivent leurs vies le plus normalement possible, malgré la pandémie.

Les copropriétaires Nancy Lavoie et Yvon Soucy avaient déjà eu un petit avant-goût de ce qui les attendait en février dernier. Une éclosion d’influenza qui avait atteint neuf résidents sur 32 avait été freinée par des mesures de désinfections et d’isolements supplémentaires. Environ trois semaines plus tard, lorsque les consignes de protection ont été mises en place pour protéger les gens du coronavirus, l’équipe avait déjà une forme de routine d’installée.

« On a décidé de tout adapter plutôt que d’isoler complètement les gens. Notre équipe d’animation, trois personnes à temps partiel, continue de travailler, mais de façon individuelle en organisant des Facetime avec les familles ou des activités comme le découpage et le mandala », indique Yvon Soucy.

Ils ont transformé la chapelle en salle à manger pour réduire les distances entre les résidents, tout en conservant un seul service pour les repas. Le salon a été réduit de moitié également. Les livreurs n’entrent plus à l’intérieur de la résidence pour personnes âgées autonomes et semi-autonomes.

« On met de musique, on garde une petite ambiance. On maintient le plus possible un cadre de vie normale », ajoute M. Soucy.

Les familles, qui ne peuvent plus les visiter, reçoivent des courriels tous les jours pour donner des nouvelles récentes. Si un cas plus particulier et personnel requiert l’attention, les proches sont immédiatement appelés.

La fille d’une résidente apprécie d’ailleurs énormément avoir des nouvelles de sa mère de façon quotidienne. « C’est rassurant pour nous, les enfants. On dit un immense merci à tout le personnel qui demeure dévoué et fidèle. Ils sont les “anges” qui doivent suppléer en l’absence des enfants, bénévoles et visiteurs des résidents, en plus de leur travail régulier qui est sans doute plus lourd », a dit Marlaine Bérubé.

Pour l’instant, ceux qui veulent aller prendre l’air et marcher sont accompagnés. Les résidents réagissent tout de même bien à la situation. « Les plus autonomes sont même contents que les visites aient cessé, ça les sécurise, ça les rassure d’une certaine façon », a dit Nancy Lavoie.

Ils constatent beaucoup de résilience chez ces gens âgés, dont certains ont connu le rationnement du temps de la guerre. « Ils ont un regard différent », résument-ils.

En ce qui concerne les 18 employés, depuis cette semaine, ils ont droit à une hausse de 2 $ de l’heure de plus, alors que le salaire avant prime est de 15,32 $ à 17,59 $ de l’heure. « C’est un défi d’assurer le service et ça prend aussi un plan si un employé est affecté ou même si nous le sommes. Il faut vraiment tout prévoir », ajoute M. Soucy.

Le couple a aussi mis en place une façon de gérer leur passage de la résidence à la maison familiale juste à côté. Des trois enfants qui sont toujours à la maison, deux ne viennent plus à la résidence dans un souci de protection autant des résidents que d’eux-mêmes. Leur fille Anne-Marie qui est finissante en soins infirmiers les soutient à la résidence. Aussi, ils vivent avec la préoccupation supplémentaire que l’un des enfants est en rémission d’une leucémie aiguë et reçoit encore des traitements. Ils ont mis en place des mesures pour bien se nettoyer entre les deux bâtiments et assurer leur sécurité durant la période d’isolement.