Pour la directrice prévention de la fraude et partenariats d’Interac, Rachel Jolicoeur, il ne faut jamais baisser la garde face à la fraude. Cette dernière se décline de plusieurs façons, se raffine constamment et touche tout le monde, peu importe son âge, son sexe ou sa nationalité.
Mme Jolicoeur était de passage dans la région à l’invitation de la Sûreté du Québec, dans le cadre du mois de la prévention de la fraude. Elle s’est arrêtée notamment à la succursale de la Banque Nationale à Saint-Pascal afin de sensibiliser les usagers.
« Au Québec, l’hameçonnage par texto représente environ 45 % de tous les cas de fraude, contre 44 % pour les cas d’escroquerie téléphonique. Mais ce qu’on remarque depuis un certain temps, c’est que le téléphone revient en force en matière de fraude. Les criminels se sont adaptés au fait que les gens étaient devenus meilleurs pour les dépister », explique-t-elle.
Ainsi, les arnaqueurs auraient tendance à entretenir davantage la conversation avec leurs interlocuteurs que par le passé. Les gens baisseraient donc leur garde et auraient plus de facilité à dévoiler leurs informations personnelles.
En cette période des impôts, Rachel Jolicoeur demande aux gens d’être particulièrement vigilant. Les arnaqueurs seront à l’œuvre de différente façon en tentant de faire croire aux gens qu’ils pourraient bénéficier d’un remboursement anticipé, par exemple, en échange d’informations personnelles comme leur numéro d’assurance sociale.
« Il y a aussi Hydro-Québec qui fera un crédit à ses clients sur leurs prochaines factures d’électricité. Ceux qui l’ignorent pourraient se faire contacter par des fraudeurs qui leurs feront miroiter qu’ils s’occupent de faire leur remboursement en tentant de connaître leurs numéros de compte, leurs codes bancaires et les réponses à leurs questions de sécurité », résume-t-elle.
Tout le monde
Malgré la croyance populaire comme quoi les personnes âgées seraient plus susceptibles que d’autres à être victimes de fraude, Rachel Jolicoeur précise que tous les groupes d’âge sont touchés, sans exception. « Il y a une arnaque pour tout le monde », poursuit-elle, citant en exemple les arnaques sentimentales auprès des personnes célibataires, où les victimes seraient peu enclines à dénoncer aux autorités, étant souvent rongées par la honte.
Et même si 71 % des Canadiens, selon un sondage, se disent capable d’identifier une arnaque, un tiers d’entre eux a tendance à avoir des comportements jugés « à risque ». À ce chapitre, Rachel Jolicoeur cite les transactions bancaires réalisées sur des réseaux sans-fil publics, ou le fait que peu de gens changent leurs mots de passe sur une base régulière.
« Il faut aussi se donner le moyen de prendre un temps d’arrêt quand on est interpellé pour quelque chose qui à première vue semble urgent et se demander si ça peut être une arnaque possible en circulation, quand on reçoit un courriel ou un texto. Si c’est notre institution financière qui dit nous contacter, on peut prendre la peine de raccrocher et de vérifier par nous-mêmes si elle a réellement tenté de nous joindre pour cette raison particulière », suggère-t-elle.
Dans tous les cas, Rachel Jolicoeur conseille aux gens de ne jamais tarder à contacter la police et son institution financière s’ils estiment avoir été victimes de fraude et de ne surtout pas hésiter à changer ses mots de passe, au besoin.