Réussir à franciser pendant la pandémie

Catherine Gaudreau-Deschênes en classe avec ses élèves en francisation à Saint-Pascal. Photo : Courtoisie Catherine Gaudreau-Deschênes.

Enseigner aux élèves du primaire et du secondaire dans le contexte sanitaire changeant actuel relève déjà de l’exploit. Malgré cela, le Centre de services scolaire de Kamouraska–Rivière-du-Loup a relevé un défi de taille dans la dernière année : poursuivre la francisation des travailleurs étrangers récemment arrivés dans la région. Au Kamouraska, de nouvelles plages horaires ouvertes au début 2020 ont même été maintenues, en pleine pandémie. 

Catherine Gaudreau-Deschênes est enseignante en français depuis six ans. Alors qu’elle se destinait à l’enseignement secondaire, elle a plutôt pris le chemin de l’éducation des adultes. La francisation s’est ajoutée à son cursus professionnel de la même façon il y a quatre ans, une belle surprise qu’elle savoure depuis.

« J’adore ça, c’est tellement motivant. L’échange culturel qui découle de ça, c’est extraordinaire, enrichissant », s’exclame-t-elle.

Catherine a sous sa responsabilité les classes de francisation du Kamouraska. Dans la dernière année, son nombre de plages horaires est passé d’une à quatre. Au début 2020, elle n’avait que deux classes, une à La Pocatière et l’autre à Saint-Pascal. Un deuxième jour s’est ajouté aux deux endroits un peu avant le début de la pandémie et un nombre d’inscriptions suffisant a même permis leur maintien malgré la COVID-19. Chaque groupe compte entre huit et 10 élèves.

« Il n’y avait que deux inscriptions au départ. Ma directrice tenait mordicus à ce qu’on instaure quand même le service. Elle a eu raison, les inscriptions ont toujours progressé et mon groupe du mercredi à Saint-Pascal est maintenant mon plus fréquenté des quatre », souligne fièrement l’enseignante.

Niveaux

La durée d’un cours est de 2 h, pour un total de 4 h par semaine par point de services. Chaque élève inscrit passe un test au préalable afin de déterminer son niveau langagier en français. Il est ensuite classé selon son niveau de connaissances, allant de 1 à 8.

Comme l’indique Catherine Gaudreau-Deschênes, les connaissances plus que limitées d’un élève de niveau 1 va souvent l’obliger à interagir avec lui en anglais, parfois même en espagnol pour communiquer. Dès le niveau 3, l’aisance est souvent déjà plus au rendez-vous. À défaut de phrases parfaitement structurées et d’une phonétique impeccable, l’élève est en mesure de discuter davantage avec l’enseignante et ses confrères et consœurs de classe.

Un élève de niveau 7 a quant à lui une très bonne compréhension et une très grande fluidité à l’oral dans la majorité des contextes de communications de la vie courante. Il s’agit souvent du niveau où l’élève intégrera les expressions propres au Québec, mentionne l’enseignante, à titre d’exemple.

« Les niveaux 7 et 8, c’est ce qui est visé pour les personnes qui veulent faire une demande de résidence permanente. Dans bien des cas, je dirais que c’est une maîtrise de la langue qui est souvent bien meilleure que des Québécois francophones de naissance. »

Plateforme

Si l’apprentissage en classe est essentiel en francisation, la vie en société et le travail y sont aussi pour beaucoup dans la progression des élèves. Catherine Gaudreau-Deschênes reconnaît que l’isolement provoqué par la COVID-19 a posé un défi quant à ce volet plus autonome de l’apprentissage de la langue chez les élèves.

Le Centre de services scolaire de Kamouraska–Rivière-du-Loup avait toutefois prévu le coup. Une plateforme web a été créée à même son site internet afin de permettre aux élèves de faire des exercices à la maison, contournant et compensant la problématique de la diminution des échanges sociaux. Les cours en présentiel se sont aussi poursuivis, dans la mesure du possible.

« Tout a été fait pour favoriser le plus possible la réussite de nos élèves et on peut dire : mission accomplie, je n’ai jamais fait passer autant d’examens de fin de niveau que dans la dernière année. C’est signe que la progression a été au rendez-vous pour nos élèves », conclut Catherine.

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Catherine Gaudreau-Deschênes dans sa classe de La Pocatière. Photo : Maxime Paradis.