Le Placoteux a présenté la semaine dernière les activités d’OBAKIR avec le projet Histoire de saumon. Nous avons constaté l’ampleur des travaux réalisés par l’organisme pour augmenter nos connaissances des particularités de cette rivière et des saumons qui l’habitent. On protège ce que l’on aime, et on aime ce que l’on connaît.
Éliane Vincent
La rivière Ouelle prend sa source à Sainte-Perpétue avant de se jeter dans le Saint-Laurent à la hauteur de son village éponyme, 76 kilomètres plus loin. Elle a été longtemps une voie de sortie pour le bois des hautes terres et du piémont. À son embouchure, c’est l’agriculture qui s’est installée jusque sur ses berges. Sur la portion de son parcours où le saumon remonte frayer, la pêche est encore pratiquée sous la vigilance de la Société de gestion de la rivière Ouelle (SGRO).
Toutes ces activités, jumelées aux changements du climat, ont un impact sur la rivière. La qualité de l’eau, sa température, la faune et la flore qui y vivent. Pourtant, on connaît mal ce long cours d’eau. Peu de données scientifiques sont disponibles pour analyser l’état de la rivière Ouelle et déterminer si la pêche continue d’y être soutenable. L’Organisme des bassins versants de Kamouraska, L’Islet et Rivière-du-Loup (OBAKIR) a donc réalisé, à la demande de la SGRO et soutenu financièrement par La fondation pour la conservation du saumon atlantique, le Plan de développement durable de la pêche au saumon atlantique de la rivière Ouelle. Un document de 111 pages où l’on décortique le saumon de haut en bas, mais aussi son habitat.
« La rivière Ouelle est particulière, explique Véronique Dumouchel, directrice générale d’OBAKIR. Elle peut être très basse et réagir rapidement, et son eau est foncée, ce qui la rend sensible au réchauffement. » Cette nature particulière continue pourtant de plaire au saumon, qui y fraie toujours grâce à des refuges thermiques, des poches d’eau fraîche qui assurent sa survie.
Cependant, on ne connaît à peu près rien du nombre actuel de saumons dans la rivière Ouelle. Depuis 1996, il n’y avait plus de comptage systématique des saumons. De plus, les statistiques de pêche sont approximatives, étant donné le caractère privé de la rivière sur une longue partie de son cours. Mais les choses ont changé cette année. « La rivière Ouelle fait partie des trois rivières qui se sont qualifiées pour l’installation d’une barrière de comptage, justement à cause du manque de données », se réjouit la directrice. Elle est installée au même endroit que la première, à la fosse Pelletier de Saint-Pacôme et est dotée de capteurs photographiques qui relaient les données en temps réel à un centre de coordination à Sherbrooke. Cette barrière s’accompagne d’un auxiliaire qui fait office de garde-pêche et d’agent de sensibilisation auprès des pêcheurs.
Avec les données recueillies, et en s’appuyant sur le plan de conservation élaboré, il sera possible de dresser un portrait réaliste de la situation de la rivière Ouelle. OBAKIR compte poursuivre ce travail de recherche tout en continuant ses activités de sensibilisation auprès des jeunes. « Nous avons plein de projets à venir, conclut Véronique Dumouchel, en axant toujours sur les enfants, ils sont l’avenir. »