Saint-Alexandre en désespoir de places en CPE

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Listes d’attente interminables, parents qui roulent des kilomètres jusque dans les confins du Témiscouata et de Rivière-du-Loup pour faire garder leurs enfants, Saint-Alexandre-de-Kamouraska a plus que jamais besoin de places en garderie. Cette problématique, loin d’être unique à la municipalité kamouraskoise connaissant la plus forte croissance démographique, serait en fait généralisée à l’échelle du territoire.

34 naissances en 2019, 35 en 2020, Saint-Alexandre vit la croissance démographique la plus enviable de toute la MRC de Kamouraska depuis plusieurs années. Cette croissance constante réjouit la mairesse Anita O. Castonguay, mais elle amène également son lot de problèmes.

« Notre CPE (Pitatou) est à pleine capacité, il n’y a pas de places au privé et les milieux familiaux sont de plus en plus rares depuis que le gouvernement a resserré les critères. C’est un frein pour le développement de notre Municipalité », déclare sans détour la mairesse.

Saint-Alexandre évalue à environ 40 le nombre de places en CPE à créer sur son territoire. Il faudrait toutefois agrandir le CPE actuel qui lui pourrait être bonifié d’une vingtaine de places et prévoir un autre emplacement pour un second bâtiment pour atteindre ce chiffre.

Vouloir des places n’est pas tout, celles-ci sont attribuées par le ministère de la Famille par appel de projets. Thérèse Brodeur, agente de développement rurale à la MRC de Kamouraska, accompagne la Municipalité de Saint-Alexandre dans ce dossier. Elle indique que les ces appels sont complexes et accompagnés de critères précis auxquels les milieux envisagés pour accueillir les places ne répondent pas toujours. Les documents à déposer sont aussi très volumineux et demandent des mois de travail, alourdissant la tâche pour les CPE.

« Le Ministère se base aussi sur une carte où chaque MRC a son code de couleurs en fonction de si le besoin est criant ou non sur le territoire », précise Thérèse Brodeur.

Pour la mairesse de Saint-Alexandre et l’agente de développement rurale, cette approche a ses limites. Le travail qu’ils ont réalisé conjointement ces derniers mois leur a permis de découvrir une grande mobilité des parents sur le territoire bas-laurentien, ce qui a pour effet de fausser les données par MRC.

Selon Thérèse Brodeur, environ 25 % des travailleurs kamouraskois travaillent dans une autre MRC. À Saint-Alexandre, proche de Rivière-du-Loup et du Témiscouata, cette proportion grimpe à 55 %.

« Les parents appellent à Pitatou pour mettre leurs enfants sur la liste, mais on leur dit qu’elle est très longue. Ils finissent par se mettre sur une liste d’attente à Rivière-du-Loup ou au Témiscouata, près d’où ils travaillent, ce qui vient fausser les données de la région », poursuit-elle.

Anita O. Castonguay ne doute pas de cette grande mobilité de la part des parents désireux d’obtenir une précieuse place en garderie pour les enfants. Deux exemples de ses concitoyennes qui lui ont été rapportés l’été dernier l’ont convaincu, le conseil municipal et elle, à être plus proactifs pour réclamer des places en CPE.

« Une maman travaille à Rivière-du-Loup et fait garder son enfant à Pohénégamook. L’autre travaille aussi à Rivière-du-Loup et elle fait garder son enfant à Saint-Épiphane. Vous imaginez le voyagement », s’exclame-t-elle.

Thérèse Brodeur mentionne qu’il suffit de fouiller un peu partout au Kamouraska pour dénicher des exemples de la sorte, les besoins étant « partout sur le territoire ». Saint-Pascal, par exemple, aurait sur sa liste d’attente des parents de Rivière-du-Loup.

Le CPE Pitatou a toutefois dans ses cartons un projet d’une douzaine de places supplémentaires, d’ajouter Thérèse Brodeur. La bonne nouvelle à court terme pour cette municipalité est toutefois la libération de quelques places pour les enfants de quatre ans en prévision de l’automne prochain, en raison de la maternelle quatre ans qui y a été instaurée par le Centre de services scolaires de Kamouraska–Rivière-du-Loup.

Ministre interpellé

Le ministre de la Famille du Québec Mathieu Lacombe a été interpellé la semaine dernière au sujet de la problématique d’attribution des places en CPE. La Presse rapportait que le gouvernement Legault reconnaissait que le développement des services éducatifs à l’enfance ne fonctionnait plus au Québec. Le ministre a promis des consultations d’avril à juin de cette année en vue de déposer un livre blanc à l’automne qui promet de réformer en profondeur le réseau.