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Saint-Cyrille-de-Lessard : Nelson Cloutier et Louis Richard blanchis

Édifice municipal de Saint-Cyrille-de-Lessard. Photo : José Soucy

Le 26 septembre dernier, la Municipalité de Saint-Cyrille-de-Lessard a formellement adressé ses excuses à l’ex-conseiller municipal Nelson Cloutier et à l’homme d’affaires Louis Richard concernant des plaintes déposées à la Commission municipale du Québec (CMQ) ainsi qu’à l’Unité permanente anticorruption (UPAC). Selon les documents obtenus par Le Placoteux, les deux instances ont en effet définitivement fermé le dossier, lavant du même souffle la réputation des deux hommes.

« Les vérifications menées par la CMQ ainsi que par l’UPAC ont confirmé que les éléments soumis ne concernaient aucun enjeu de corruption et qu’aucune suite n’était justifiée. Attendu ce qui précède, le conseil municipal reconnaît que ces démarches ont pu porter atteinte à votre réputation et à votre intégrité personnelle et professionnelle. Nous tenons à exprimer nos plus sincères excuses pour les désagréments », peut-on lire dans un document de la Municipalité adressée à messieurs Cloutier et Richard.

Rappelons que Nelson Cloutier était accusé par la Municipalité d’ingérence, de malversations, et d’avoir exercé des pressions indues sur l’administration municipale, ce qui avait, disait-on, conduit au départ de plusieurs directeurs généraux et conseillers en raison d’un climat malsain. Quant à l’entreprise Les Excavations Louis Richard, elle était accusée de fournir des matériaux de mauvaise qualité, d’avoir bénéficié d’un traitement de faveur sous la pression de M. Cloutier, et d’avoir adressé des menaces à un ancien directeur général. On avait alors demandé à l’UPAC de porter les accusations qui s’imposaient face à cette entreprise et à son propriétaire. L’entreprise en question avait même été retirée de la liste des fournisseurs de la Municipalité, le temps de l’enquête.

« J’ai perdu quelques milliers de dollars en raison de ces fausses accusations, alors qu’il n’y en a aucune qui sera portée contre moi », déclare au Placoteux M. Richard qui souhaite néanmoins tourner rapidement la page sur cette déplorable saga.

Des courriels perdus ?

Là où le bât blesse pour l’administration municipale de Saint-Cyrille-de-Lessard, c’est que le 6 février 2025, le Commissaire à la lutte contre la corruption avait clairement avisé — dans un document officiel adressé au maire Saint-Pierre et aux membres du conseil — que l’instance attendait les conclusions de la CMQ avant de se prononcer. « À la suite de la réception et de l’analyse de votre dénonciation, je dois vous informer qu’une intervention du Commissaire à la lutte contre la corruption serait prématurée à ce stade. En effet, comme la Commission municipale du Québec a également été interpellée dans ce dossier, il nous apparaît préférable d’attendre ses conclusions », peut-on lire.

Dans un autre courriel, daté cette fois du 7 juillet dernier, faisant suite à une demande de l’ancienne directrice générale de Saint-Cyrille Mélissa Miller qui souhaitait obtenir des nouvelles de l’avancement du dossier, la Commission municipale y affirme clairement qu’il a bel et bien été fermé.  « Après vérification, nous vous confirmons que le dossier dont vous avez mentionné le numéro a été fermé en date du 17 février 2025. Vous trouverez en pièce jointe le courriel vous en informant, transmis à cette date. Il s’agit du courriel de fermeture qui met fin au traitement de la divulgation que vous avez fait parvenir à la Commission municipale. Dès lors, aucune action n’est attendue de la part de la Municipalité. »

La consternation

Pour Louis Richard et Nelson Cloutier, la situation dépasse l’entendement, puisque les documents confirmant que les plaintes déposées contre eux ne seraient pas retenues avaient déjà été transmis au maire et aux conseillers, ainsi qu’à l’administration — et ce, bien avant la parution des reportages du Placoteux et de CIMT en avril 2025, évoquant l’implication de l’UPAC dans cette affaire, et même les démissions de certains conseillers et du maire survenues à la fin du mois de mars de la même année.

« Sur le conseil de nos avocats, on attendait les conclusions de l’UPAC et de la CMQ avant de nous prononcer, alors qu’à la suite de démarches, on apprend que la Municipalité savait déjà depuis le mois de février dernier qu’il n’y aurait pas d’accusations portées contre nous. Et c’est juste à la fin du mois de septembre qu’on obtient des excuses officielles de la part de la Municipalité ! Les courriels en question auraient-ils été dissimulés sciemment pour nous nuire sans que les élus du temps soient au courant ? Ou bien certains d’entre eux l’étaient malgré tout, tout en faisant semblant de rien ? » s’interroge Louis Richard.

« Si nous avions su cela avant, on aurait pu facilement se défendre et laver notre intégrité. J’ai passé un des pires étés de ma vie, avec ces allégations sur le dos. Je ne sais pas ce qui est arrivé avec ces courriels, mais il y a anguille sous roche en ce qui me concerne », conclut quant à lui Nelson Cloutier qui souhaite à son tour mettre cette histoire derrière lui.

Entre-temps, la crise perdure à la Municipalité de Saint-Cyrille-de-Lessard, où personne ne s’est présenté au poste de maire ni au poste de conseiller numéro 4 dans le cadre de la présente élection municipale.

Copie de la lettre d’excuses de la Municipalité. Photo : José Soucy