L’explosion des coûts anticipée pour le projet d’assainissement des eaux usées à Saint-Denis-De La Bouteillerie place les élus et l’administration municipale à un carrefour. Attendu depuis une quinzaine d’années, la Municipalité n’exclut pas aujourd’hui enterrer le projet de façon définitive.
Le projet d’assainissement des eaux usées de Saint-Denis-De La Bouteillerie concerne essentiellement le périmètre urbain, composé de 75 maisons. Il implique le passage des égouts sanitaires et pluviaux — la partie pluviale est assumée par le ministère des Transports sur les routes 132 et 287 —, mais également l’aménagement d’un étang aéré au sud de la municipalité. En entrevue avec Le Placoteux, la mairesse Nicole Généreux dévoilait qu’au début de 2022, une estimation préliminaire chiffrait l’ensemble du projet à 10 M$. De ce montant, seuls les cinq premiers millions seraient admissibles à des aides financières gouvernementales pouvant aller jusqu’à 80 %.
Une nouvelle étude, réalisée récemment pour évaluer la capacité portante du sol où les étangs aérés doivent être aménagés, a apporté de bien mauvaises surprises à la Municipalité. Étant donné la nature argileuse du sol à l’endroit prévu, des sommes supplémentaires devraient être injectées pour s’assurer que la structure demeure stable. La Municipalité se retrouverait donc à débourser 2,23 M$ de plus, une somme non couverte par les aides financières gouvernementales actuellement en vigueur, ce qui ferait grimper le coût total du projet à 12,5 M$.
« Compte tenu de ces nouveaux chiffres, nous sommes à évaluer si ce projet est acceptable et réalisable, et s’il respecte la capacité de payer des citoyens de Saint-Denis-De La Bouteillerie », a déclaré la mairesse.
Projet longuement étudié
Les prémices de ce projet remontent à la fin de la décennie 2000. Saint-Denis-De La Bouteillerie voulait à l’époque se doter d’un réseau d’aqueduc et d’égout afin de régler les problèmes d’approvisionnement en eau potable, et de rendre conformes les résidences dont les installations septiques ne répondaient plus aux normes.
Il s’est avéré rapidement, à la suite de différentes études, que le scénario aqueduc ne pourrait pas se réaliser, entre autres en raison de la faible quantité d’eau disponible pour un puits.
Le projet d’égout a quant à lui été maintenu. En 2018, l’ancien maire Jean Dallaire l’évaluait à 6 M$, et souhaitait qu’il soit financé à hauteur de 70 à 90 %. En conséquence, certains propriétaires de résidences au sein du périmètre urbain n’auraient pas mis leurs installations septiques aux normes ces dernières années, dans l’espoir que ce projet se concrétise. Rien n’est moins sûr aujourd’hui.
D’autres options
Des sommes importantes en argent ont déjà été englouties en études pour ce projet au fil des ans, de l’avis de Nicole Généreux, qui s’est gardée d’en communiquer le montant précis.
La mairesse estime néanmoins qu’il serait plus sage pour la Municipalité d’évaluer d’autres options avant de statuer. Faire un projet commun de mise aux normes des installations septiques au sein du périmètre urbain, par exemple, serait à réévaluer.
« La technologie a évolué, et c’est possible aujourd’hui d’avoir ce type d’installation même sur de petits terrains, ce qui n’était pas le cas à l’époque où l’avenue du réseau d’égout a été privilégiée. »
Un autre site avait aussi été considéré dans le passé pour accueillir les étangs aérés. La Municipalité de Saint-Denis-De La Bouteillerie pourrait très bien y revenir, mais des études similaires à celles faites pour le site sur la route 287 devraient être conduites, et des autorisations devraient aussi être demandées à la Commission de protection du territoire agricole, ce qui retarderait certainement le projet d’encore quelques années.
« Nous en sommes déjà à 12,5 M$, souligne la mairesse, c’est déjà cher pour 75 maisons! Si on doit encore attendre 2025 ou 2027 avant de réaliser le projet, on sera rendu à combien? On a le devoir d’étudier toutes les possibilités avant de présenter notre décision aux citoyens. »