Un résident de l’Anse Victor-Duval à Saint-Jean-Port-Joli déplore le manque d’harmonisation architecturale dans le secteur depuis la construction de deux résidences secondaires à deux étages par le même propriétaire. À terme, il craint que ce manque d’uniformité ne fasse pression sur les propriétaires des petits chalets environnants pour qu’ils vendent leur propriété.
Alain Cadieux est un résident saisonnier de l’Anse Victor-Duval depuis 25 ans. Ce lieu de villégiature a été développé au cours des 50 dernières années par des propriétaires de petits chalets modestes.
Établi dans le même secteur depuis 2002, Gilles Viel a choisi de reconstruire sa résidence secondaire en bordure du fleuve après que cette dernière fut incendiée en 2010. Il a opté pour une maison de style campagnard à deux étages.
Suite à l’acquisition d’un autre terrain dans le secteur, il a également entamé la construction d’une nouvelle résidence vouée à la vente ou la location, derrière ce qui fut jadis le chalet du défunt comédien Michel Daigle. D’un style plus urbain et contemporain, ce bâtiment compte également deux étages et sera livré à la fin du mois d’avril.
Patrimoine non respecté?
Aux yeux d’Alain Cadieux, ces deux constructions posent problème et ne s’harmonisent pas bien avec le patrimoine architectural et littoral de l’anse. « Les deux étages du chalet de M. Viel et son aménagement paysager bloquent la vue sur le fleuve des chalets à proximité. En ce qui concerne la résidence qu’il mettra en location, l’architecture détonne avec les autres bâtiments du secteur, en plus d’être bâtie pratiquement dans la cour arrière de l’ancien chalet de M. Daigle », s’exclamait-il.
De son côté, Gilles Viel précise que ses bâtiments respectent la réglementation en matière de zonage et de construction, ce que confirme la responsable de l’urbanisme et de l’émission de permis à la Municipalité de Saint-Jean-Port-Joli, Mme Martine Lemieux. S’il ne cache pas que ses constructions se distinguent par leur côté imposant, il se défend en mentionnant que « tout le secteur n’a aucune uniformité. »
En ce qui concerne sa résidence en bordure du fleuve, il avoue avoir eu le souci de choisir un revêtement en déclin de bois pour lui donner un cachet plus champêtre. Il précise également travailler son aménagement paysager de façon à ce qu’il ne nuise pas à la vue sur le fleuve des autres propriétaires. « J’avoue tout de même qu’il y a au moins deux chalets qui ont la vue obstruée par ma résidence. Mais quand on a acheté en 2002, on s’était informé et personne n’avait de servitude de vue », précisait-il. Du côté du projet en cours, il reconnaît s’être laissé convaincre par quelque chose de plus moderne.
PIIA
Pour éviter ce genre de situation, des municipalités à travers le Québec ont adopté ce qu’on appelle des plans d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA). À Saint-Jean-Port-Joli, un tel plan existe, mais il s’applique dans une partie du périmètre urbain de la municipalité. « Mais ce genre de plan ne se pond pas à la légère. Il faut bien le baliser. Autrement, ça peut devenir extrêmement contraignant pour les propriétaires », de mettre en garde le directeur général, Stéphen Lord.
De son côté, Gilles Viel se dit ouvert à l’implantation d’un tel plan dans le secteur de l’Anse Victor-Duval. Son seul souhait est que l’harmonie et le bon voisinage règnent entre les propriétaires. Pour Alain Cadieux, l’instauration d’un PIIA semble être la seule solution. « Autrement, je m’inquiète que les plus petits se tannent et finissent par vendre, laissant ainsi l’Anse aux plus fortunés », concluait-il.