« Madame la mairesse, mes taxes sont rendues trop chères. » Cette phrase est parfaite. Mais y ajouter un mot d’église élève le discours à un niveau qui, en 2025, n’est plus acceptable. Dans un contexte où les élus et les employés municipaux sont de plus en plus confrontés à des débordements, la Ville de Saint-Pascal applique une politique de tolérance zéro en matière de violence et d’intimidation.
« Nous comprenons que les citoyens aient des préoccupations, mais hausser le ton ne rend pas un argument plus convaincant », rappelle la Ville par voie de communiqué. Avec l’entrée en vigueur de la loi visant à protéger les élus, Saint-Pascal emboîte le pas en rappelant qu’un climat de respect est essentiel pour le bon fonctionnement des instances municipales.
Au micro de Radio-Canada, la mairesse de Saint-Pascal Solange Morneau a confié à l’animateur Éric Gagnon que la décision du conseil municipal repose avant tout sur la prévention. « On ne sait jamais ce qui peut arriver. Par mesure de sécurité, nous avons choisi d’appliquer cette politique qui nous avait été offerte par le gouvernement du Québec », a-t-elle expliqué.
La patience a ses limites
Les incivilités ne datent pas d’hier, mais certains épisodes ont convaincu la Ville qu’il était temps d’agir. « L’an passé, on a dû demander à deux reprises aux citoyens de faire bouillir leur eau à cause du nettoyage des réservoirs. Eh bien, on a senti de l’impatience » a illustré Mme Morneau. Que ce soit sur les réseaux sociaux ou en personne, les commentaires ont parfois dépassé la simple critique constructive.
D’autres sujets ont aussi échauffé les esprits. « Quand on a perdu l’eau pendant 24 heures en 2023, on a vu monter une certaine anxiété. Les gens ont préféré s’exprimer derrière un clavier plutôt que de venir poser leurs questions directement », a souligné la mairesse. Résultat : la Ville a choisi de serrer la vis et d’encadrer les échanges.
Le règlement municipal 409-2025 encadre désormais la participation aux séances du conseil, et les interactions avec les élus et les employés municipaux. Les insultes, le harcèlement et les menaces sont interdits, et toute intervention devra se faire dans le respect.
« On n’a jamais eu de débordements graves lors des séances du conseil, mais on veut éviter que ça arrive. Sensibiliser la population, c’est la clé », a insisté Mme Morneau.
Ceux qui croient que les grandes gueules vont l’emporter risquent de le regretter. En cas de non-respect des règles, la Ville prévoit un premier avertissement. « Les amendes vont de 500 $ à 1000 $. C’est ce que nous avons prévu », a précisé la mairesse.
La démocratie repose sur le dialogue, mais encore faut-il que celui-ci se fasse sans intimidation ni agressivité. À Saint-Pascal, si exprimer son opinion est un droit, le faire dans le respect est un devoir.