De son enfance à Saint-Roch-des-Aulnaies à sa vie de ministre au sein du gouvernement libéral, Christine St-Pierre raconte son parcours dans le livre «De l’école de rang au rang de ministre», qui paraît cette semaine aux Éditions Septentrion.
Dès le début du livre, l’ex-journaliste et ministre met la table en racontant un événement traumatisant survenu en 1960 à Saint-Roch-des-Aulnaies, qui aurait pu lui enlever le goût de faire de la politique jusqu’à la fin de sa vie.
Elle est âgée de 7 ans et ses parents ont perdu leurs élections, eux qui sont militants pour les bleus de l’Union nationale. Suite à leur défaite face aux rouges, des adversaires sont venus les narguer en mettant le feu à une montagne de pneus arrosée d’essence sur leur terrain. «Dans ma région, la coutume est d’aller allumer des feux chez les perdants, les soirs d’élection», écrit-elle, dans ce prologue intitulé «Mon baptême du feu».
Christine St-Pierre raconte ensuite ses années où elle grandit, puis étudie dans un contexte où le Québec est en ébullition. Elle est une femme provenant d’une petite région et réussit à faire des études supérieures et tailler sa place dans un métier qui l’a passionné pendant plusieurs décennies : le journalisme.
«Les chances de gravir des échelons étaient très minces lorsqu’on venait au monde dans les années 1950, dans un milieu rural. Les filles de ma génération qui ont eu accès à des études supérieures vivaient souvent en milieu urbain», raconte l’auteure.
Dans son récit, elle raconte les événements qu’elle a pu couvrir de par son métier et la feuille de route est longue : le drame de la Polytechnique, la mort de René Lévesque, le 11 septembre 2001, etc.
Puis, elle estime avoir fait le tour du métier, ayant atteint les plus hauts sommets de sa carrière. Déjà Jean Charest l’a approché, ainsi que des membres du recrutement du Parti libéral du Québec. Sa décision n’est pas instantanée, mais la politique l’attire de plus en plus. Son conjoint Jean-Pierre a eu le réflexe de la protéger en montrant son désaccord, au départ.
«Il (Jean-Pierre) voyait bien que les politiciens se faisaient massacrer par les médias et j’ai été moi-même Cruella dans ma job. Pour lui, c’était un réflexe de protection. La force d’attraction était tellement grande. C’était Jean Charest qui m’attirait comme cela : son charisme, sa fougue», dit-elle.
Puis elle devient rapidement ministre et traverse sa vie politique avec tous les hauts et les bas que cela peut représenter. Du type «sanguine», comme elle se décrit, elle fera quelques erreurs, qui l’a mené à s’excuser, comme la fois où elle a envoyé promener de façon très vulgaire Pauline Marois.
Les dessous
Dans son livre, elle évoque certains faits inédits : elle a voté dans le camp du oui. Elle raconte aussi les dessous de quelques événements qui ont marqué l’histoire politique récente.
«Je ne sais pas comment le livre sera accueilli et je ne veux pas non plus avoir d’attentes. Je pense qu’il y en a qui vont le recevoir positivement et d’autres vont dire que pour certains événements, «ce n’est pas de même que ça s’est passé». Moi, je suis très contente de ce que j’ai fait et je ne le ferais pas différemment. Je vais accepter l’opinion des gens qui ne sont pas d’accord», dit-elle.
Christine St-Pierre a écrit ce livre, avec la collaboration de Marc Gilbert, son coauteur, à la suite du décès de sa sœur Evelyne, survenu en avril 2018. Elle était dans un passage à vide.
«(Écrire) ça m’a libéré, ça été très thérapeutique autant pour m’aider à passer à travers le décès de ma sœur que de passer à travers ce passage à vide, qui est le deuil de perdre ton équipe», conclut-elle.