Elles pourraient certainement porter le surnom d’anges gardiens. Malgré leurs familles respectives et leurs horaires de travail, quatre femmes de Kamouraska-L’Islet s’investissent bénévolement dans le sauvetage de chats errants sur le territoire, un fléau qui ne s’est pas estompé avec la COVID-19, mais dont la population prend de plus en plus conscience de l’ampleur en cette période pandémique.
Stéphanie Després et Myriam Bourgelas ont cofondé le Refuge des passionnées du Kamouraska à la mi-septembre en se disant que si elles évitaient à 20 chats errants de connaître la rigueur de l’hiver québécois, ça serait toujours bien cela de gagné. « 20 sauvetages, c’est ce qu’on a fait la première semaine », s’exclame Stéphanie.
181 bêtes se sont succédé depuis, au sein de familles d’accueil, mais la plupart du temps chez elles.
« Il n’y a pas de structures pour accueillir les chats errants dans la région, notre refuge est le seul au Kamouraska. Il n’y avait aucune aide pour ces animaux-là, aucun appui des municipalités. On dirait que tout le monde s’en foutait », poursuit-elle.
Et pourtant, les besoins sont tels que deux de leurs bénévoles de la première heure, Kim Beaulieu et Lindsay Fortin, ont jugé bon suivre leurs traces dans la MRC voisine en créant le Refuge de la deuxième chance. Ce nouvel OBNL a maintenant pignon sur rue depuis un mois dans le sous-sol de l’ancienne école de Saint-Damase-de-L’Islet. Leur local spécialement aménagé à cette fin accueille en tout temps une quinzaine de chats et chatons.
« On a aussi des animaux placés dans trois familles d’accueil et une liste de dix bénévoles qui viennent offrir du temps au local pour le nettoyage, l’entretien et le soin des chats », explique Kim.
Chats errants
L’objectif des deux refuges est le même : sauver, soigner, stériliser et adopter.
Au Refuge des passionnées, on accueille principalement les chats errants ou ceux retrouvés sur les fermes. Les autres, dits abandonnés, sont ceux qui ont un propriétaire et dont « il est de leur responsabilité de trouver une famille d’adoption lorsqu’ils n’en veulent plus », d’indiquer sans détour Stéphanie Després.
Le Refuge de la deuxième chance, quant à lui, accepte les chats abandonnés, moyennant des frais de 40 $. L’argent permet de faire vérifier l’état de santé du félin auprès d’un vétérinaire, ou de couvrir une partie des frais relatifs à sa stérilisation.
Mais autant pour le refuge kamouraskois que le refuge l’isletois, l’argent demeure le nerf de la guerre et la source de préoccupation principale pour la poursuite des opérations. La plupart du temps, les quatre anges gardiens payent de leurs poches, à partir de leurs économies, pour le soin des animaux, entre autres en clinique vétérinaire. En arrêt de travail, Stéphanie Després dit même utiliser la moitié de ses chèques d’assurance-chômage pour la cause.
« On est chanceuses, car nous avons eu beaucoup de dons des gens : des sous, de la litière, de la nourriture, des jeux. Ça nous aide à fonctionner », ont dit unanimement Kim et Stéphanie.
Prise de conscience
Les bénévoles des deux refuges sont d’avis que la création de leurs OBNL a permis ces derniers mois une prise de conscience régionale sur la problématique des chats errants dans la région. Offrir une deuxième chance à un chat provenant d’un refuge, plutôt que de se tourner vers un achat en animalerie ou auprès d’un éleveur, semble être un réflexe en développement auprès des amoureux des animaux, disent-elles.
« Les chats errants sont encore difficiles à placer, je dirais, mais pour les chatons, notre liste d’attente ne cesse de s’allonger », indique de son côté Kim Beaulieu.
La COVID-19 semble également avoir stimulé l’intérêt pour les animaux de compagnie, ajoute Stéphanie. Un brin cynique, elle se demande cependant si cet engouement demeurera, ou s’il disparaîtra lorsque le sentiment de solitude se sera estompé avec la reprise d’une vie sociale normale au sortir de la pandémie.
« Une dame m’a contacté au courant de l’automne parce qu’elle ne voulait plus de son chat. Je n’avais malheureusement pas de place pour l’accueillir. Le lendemain, je l’ai croisée chez le vétérinaire, elle allait le faire euthanasier. C’est triste, mais il y a encore du gros travail à faire pour changer les mentalités », conclut Stéphanie Després.