Sécheresse 2018 : Front commun pour un meilleur dédommagement

Des représentants de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de plusieurs régions du Québec et deux députés conservateurs ont uni leur voix à La Pocatière, jeudi matin, afin de réclamer du gouvernement fédéral un dédommagement plus équitable pour les agriculteurs victimes de la sécheresse survenue l’été dernier dans l’Est-du-Québec et l’Abitibi-Témiscamingue. Cette sortie publique survient après plusieurs mois de représentations de l’opposition officielle et de l’UPA auprès du ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire du Canada.

Selon l’UPA, le nœud du problème se trouve au chapitre du remboursement anticipé prévu par le programme d’assurance récolte de la Financière agricole du Québec (FADQ). À cause de la méthodologie actuellement utilisée, l’UPA s’attend à ce que les producteurs des cinq régions les plus touchées par la sécheresse (Abitibi—Témiscamingue, Saguenay—Lac-Saint-Jean, Chaudière-Appalaches, Bas-Saint-Laurent et Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine) reçoivent un dédommagement tournant autour de 2 M$ alors que l’Union des producteurs agricoles estime les besoins à 16 M$.

Cette différence dans l’évaluation s’explique par le fait que la FADQ s’appuie sur les données reçues des stations météorologiques pour mesurer l’ampleur des pertes. La méthodologie actuellement utilisée prévoit des ajustements lorsqu’il y a de la pluie intense dans les trois derniers jours de la période de croissance des plantes évaluée à 45 jours. Toutefois, la majorité des pluies enregistrées en 2018 sont arrivées dans les six derniers jours de la période de croissance. Afin de compenser davantage les producteurs agricoles, la FADQ propose d’ajuster la méthodologie en la faisant passer des trois derniers aux dix derniers de la période. Ainsi, les indemnités seraient plus représentatives dans les régions touchées par la sécheresse.

Pour ce que ces paramètres de couverture soient considérés, ils doivent être validés par Agriculture et Agroalimentaire Canada qui actuellement fait la sourde oreille, selon l’UPA et les députés de l’opposition à la Chambre des communes. « Le gouvernement fédéral a accepté ces changements de paramètres pour 2019, mais il ne veut pas les changer pour 2018 », de s’exclamer Bernard Généreux, député fédéral de Montmagny—L’Islet—Kamouraska—Rivière-du-Loup.

« On leur a envoyé des lettres, on a aussi eu un congrès avec eux où on leur a expliqué. Là, on veut que ça se règle au plus vite. Non seulement pour notre région, mais pour tous les producteurs qui ont souffert de la sécheresse partout au Québec », d’ajouter Gilbert Marquis, président de la Fédération de l’UPA du Bas-Saint-Laurent.

Commission parlementaire?

Par vidéoconférence, le député de Mégantic—L’Érable et ministre du cabinet fantôme responsable du dossier de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, Luc Berthold, mentionnait qu’une motion serait déposée par les conservateurs en chambre pour demander au comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire de convoquer, au besoin, les représentants d’Agriculture et Agroalimentaire Canada en commission parlementaire.

La semaine prochaine, les représentants de l’UPA doivent également se rendre à Ottawa à une rencontre de la Fédération canadienne de l’agriculture. Le 1ervice-président de l’UPA, Martin Caron, a déclaré ne s’attendre à rien de moins qu’une annonce du gouvernement fédéral à cet événement. « On veut qu’il reconnaisse qu’il y a une problématique dans la méthodologie et qu’il applique le changement. Point à la ligne », a-t-il martelé.