Suspension des cours au collégial : Des enseignants préoccupés

L’ITA, Campus de La Pocatière. Photo : Maxime Paradis.

La suspension des cours en présentiel jusqu’au 24 septembre à l’ITA, Campus de La Pocatière et au Cégep de La Pocatière, préoccupe les enseignants, surtout en ce qui a trait aux laboratoires pratiques. Même s’ils étaient préparés à ce confinement, leurs représentants syndicaux parlent d’une situation qui est loin d’être idéale.

Le représentant sortant de l’exécutif local du Syndicat des professeurs de l’État du Québec (SPEQ), Benoît Garon, avoue que le corps professoral de l’ITA, Campus de La Pocatière avait prévu dans ses plans de cours une suspension des cours en présentiel, mais plus tard en session. Un condensé d’activités pratiques devait se dérouler principalement dans les premières semaines de la session d’automne.

« Le fait que le confinement arrive si tôt pour les étudiants, ça nous déculotte un petit peu », a-t-il reconnu.

La conseillère en communication institutionnelle à l’Institut de technologie agroalimentaire, Annie Marcotte, se veut tout de même rassurante et écrit que « certains laboratoires auront lieu avec une approche pédagogique adaptée à distance, tandis que d’autres seront reportés dans le temps. »

De son côté, la directrice des études par intérim, Monique Lambert, va plus loin. « Il y a différentes façons de développer les compétences liées aux apprentissages des laboratoires traditionnels. On peut y aller de mises en situation, d’analyses de cas, de problématiques amenées différemment auprès des étudiants de façon à ce qu’ils poursuivent leurs apprentissages de la même façon qu’ils le feraient par le biais de la pratique habituelle. »

Si Benoît Garon croit qu’il est possible que certains laboratoires extérieurs soient reportés plus tard en automne, advenant que la suspension des classes en présentiel ne soit pas prolongée au-delà du 24 septembre et qu’une température clémente soit au rendez-vous en octobre, ils se questionnent néanmoins sur l’impact d’un mode d’enseignement 100 % virtuel sur la formation globale des étudiants

« Si on peut rouvrir comme prévu le 24 septembre, ça sera un moindre mal, mais si ça se poursuit, ça sera pénalisant. La direction de l’établissement aura beau dire que les étudiants actuels auront les mêmes compétences que les cohortes passées lors de leur diplomation, mais c’est faux. Leur niveau de maîtrise des connaissances acquises ne sera pas le même quand viendra le temps de les appliquer sur le terrain si nous ne sommes pas en mesure de leur offrir la formation pratique qu’ils viennent habituellement chercher chez nous. »

La directrice des études reconnaît que la voie d’enseignement offerte normalement par l’ITA est aujourd’hui perturbée par la situation exceptionnelle de la COVID-19. Elle affirme tout de même que l’institution a un plan C en main si la situation n’évolue pas dans le sens espérer afin de continuer à enseigner des apprentissages de qualité aux étudiants.

« Cela va de soi que l’ITA est reconnue pour offrir des programmes où la manipulation et la pratique prennent beaucoup de place dans l’enseignement. Il faudra continuer d’être agile dans nos façons de faire sans perdre de vue la qualité de l’enseignement et mettre en place d’autres plans, au besoin », précisait-elle.

Cégep de La Pocatière

Au Cégep de La Pocatière, le directeur des études Steve Gignac mentionnait au Placoteux que les enseignants de l’établissement avaient, tout comme ceux de l’ITA, tenu compte d’un retour possible à l’enseignement entièrement à distance dans la préparation de leur session d’automne. Là aussi, la suspension des laboratoires en présentiel fait que ceux-ci se dérouleront en mode virtuel.

« Ce n’est pas optimal, mais la situation que nous vivons nous exige de s’adapter. Nous avons développé notre expertise en formation en distance, mis en place des outils et libéré les conseillers pédagogiques afin d’accompagner les enseignants. Nos enseignants ont à cœur la réussite des étudiants. Qu’un cours soit offert en présence ou à distance, ils ont toujours le souci d’offrir un enseignement de qualité et mettent en place des activités pédagogiques intéressantes, stimulantes, engageantes, qui permettront aux étudiants de développer les compétences ciblées. »

Le président du Syndicat des enseignantes et des enseignants des Campus de La Pocatière et de Montmagny (SEECLPM), David Boutin, est quant à lui d’avis que « rien ne remplace un laboratoire 100 % en présentiel ». « Le fait que le Cégep de La Pocatière ait choisi de privilégier lesdits laboratoires dans leur gestion du présentiel vs à distance est éloquent », poursuit-il. Il confirme toutefois que l’équipe de professeurs du Cégep était déjà à pied-d’œuvre afin d’ajuster leurs enseignements aux étudiants à la suite de l’annonce de la suspension des cours en présentiel, le 9 septembre en soirée.

« Même si nous sommes prêts à toute éventualité, ce qui est le plus difficile à gérer, en ce moment, c’est l’incertitude qui entoure une reprise éventuelle des cours en présentiel. Cette adaptation est-elle pour deux semaines, ou tout le reste de la session ? Elle est là, la grande question. »