Vivre de son art est probablement le rêve de tous les artistes, toutes disciplines confondues. Si certains en font une priorité, très peu y parviendront, alors que d’autres n’y songent même pas. Au Symposium du Kamouraska, certains y sont arrivés. Deux d’entre eux nous ont expliqué comment ils y sont parvenus.
Originaire du Témiscouata, mais résidant à Terrebonne depuis de nombreuses années, Gabriel Lavoie vit de son art depuis 25 ans. Initié au dessin très jeune par un de ses oncles, il a longtemps fait des portraits avant de devenir un « peintre visionnaire et intuitif », comme il aime se qualifier.
C’est en devenant associé d’un magasin spécialisé dans la vente de matériel d’artistes qu’il a ouvert la porte, sans le savoir, à sa nouvelle vie d’artiste. « J’y exposais mes toiles et les gens qui aimaient ce que je faisais me demandaient si je donnais des cours de peinture. Après un an, j’avais près de 70 noms de personnes intéressées à suivre des cours avec moi. J’ai vendu ma part dans l’entreprise, je me suis acheté une maison et j’ai commencé à y donner des classes », racontait-il.
En parallèle, il a continué à vendre ses tableaux, en plus de développer une gamme de produits dérivés comme des cartes et il a collaboré avec une maison d’édition pour la réalisation de couvertures de livre. « Tout ça ensemble, c’est ce qui m’a permis de vivre de mon art et de ne pas avoir de dettes aujourd’hui », confiait-il.
Oui, être artiste-peintre c’est une façon à nous de s’exprimer, mais si je veux en vivre, je dois voir ce que je fais comme une affaire.
Hélène Charland
Alors que Gabriel Lavoie parle plutôt d’heureux hasards qui l’ont conduit à vivre de son art, Hélène Charland, elle, est beaucoup plus pragmatique. Présidente d’honneur de cette 24e édition du Sympoisum, elle vit de son art à 100 % depuis une vingtaine d’années. « Je paye mes factures à la fin du mois et je voyage grâce à ça », confiait-elle.
À son avis, elle n’aurait jamais réussi à vivre de son art si elle n’avait pas été administratrice, en plus d’être artiste. « Oui, être artiste-peintre c’est une façon à nous de s’exprimer, mais si je veux en vivre, je dois voir ce que je fais comme une affaire », explique-t-elle.
Mais fonctionner de cette façon n’est pas de tout repos et demande une discipline de fer. « C’est moi qui fais mes horaires. Je travaille 7 jours/7 et quand je ne peins pas, je fais de la paperasse », de préciser Hélène.
Néanmoins, en aucun temps elle ne semble avoir regretté ce choix de vie. « Souvent, les artistes vont préférer se laisser porter. Moi je dis qu’il faut parfois provoquer les choses. Après toutes ces années, je suis encore passionnée par ce que je fais, je cherche encore à repousser mes limites et j’ai même un REER pour ma retraite. En bout de ligne, je me considère chanceuse », concluait-elle.