On dit que la foudre ne frappe jamais au même endroit. Ce n’est pas le cas du cancer. Gilda Lavoie et Philippe Carrière partagent leur vie depuis plusieurs années. Tous les deux ont été atteints d’un cancer à moins de six ans d’intervalle. De survivant à aidant, d’aidant à survivant, ils se sont échangé les rôles dans ces épreuves pour le meilleur et pour le mieux.
Quand on a annoncé à Philippe Carrière qu’il avait une leucémie en 2002, Gilda Lavoie avoue qu’elle a paniqué «un peu.»
«Philippe disait aux médecins de faire leur job et que lui ferait le sien. Il était positif alors que moi j’étais inquiète par moment», racontait-elle.
Cette inquiétude, doublée d’impuissance, Gilda l’a ressentie le jour où Philippe a été hospitalisé après avoir mal répondu à un traitement. «Les médecins lui ont dit qu’avec les résultats qu’il avait, il serait censé être mort. C’est difficile à entendre quand on est aidant. Mais on finit par être positif quand même. Autrement, ça serait insoutenable», confiait-elle.
Les médecins lui ont dit qu’avec les résultats qu’il avait, il serait censé être mort. C’est difficile à entendre quand on est aidant. Mais on finit par être positif quand même. Autrement, ça serait insoutenable.
Changement de rôles
Six ans plus tard, alors que Philippe terminait sa rémission, c’était au tour de Gilda d’être frappée par la maladie. Diagnostic : cancer des ovaires. Les rôles sont maintenant inversés. Philippe devient l’aidant et Gilda l’aidée. Mais en plus des rôles qui changent, la situation se vit aussi différemment. «On savait qu’on pouvait passer à travers, donc on était encore plus optimiste que la première fois», d’expliquer Philippe.
Parce qu’il l’a déjà vécu, Philippe sait qu’il est aussi important de continuer à vivre comme avant, tout en écoutant son corps. «Je lui disais, si t’es fatiguée, repose-toi. Si t’es en forme et que t’as le goût de sortir, on sort. Quand on est malade, on ne veut pas s’apitoyer sur notre sort. C’est la même chose quand on est aidant, il ne faut pas s’apitoyer sur le sort du malade», mentionnait-il.
Humour
En plus d’adopter une attitude positive, ce qui a beaucoup aidé Gilda et Philippe, dans leur rôle d’aidant, c’est leur autodérision et leur bon sens de l’humour. «Après mon premier traitement, Philippe et moi sommes partis en voiture. J’ai touché mes cheveux et une poignée est restée dans ma main. Philippe s’est tourné vers moi et il m’a dit : “Tu vas voir, ça va aller plus vite dans la douche.” Ça m’a fait rire venant de lui, car il n’a pas de cheveux», d’indiquer Gilda.
Expérience positive
Toutefois, malgré l’humour et une attitude positive, les histoires ne connaissent pas toujours une aussi belle fin que celle de Gilda et Philippe. D’ailleurs, Gilda le sait, elle qui a aussi accompagné sa sœur dans la maladie. Même si cette dernière est décédée du cancer après trois ans de combat, Gilda avoue que l’accompagner lui a apporté beaucoup de bien-être. «C’est un sentiment positif. C’est valorisant. Mais donner, ça reste plus facile. Ce qui est plus difficile, c’est d’être malade. Non seulement tu dois te battre, mais tu dois également apprendre à recevoir», concluait-elle.