L’école de Sainte-Félicité est en mode survie. La pénurie de main-d’œuvre, criante. Le vieillissement de la population, bien réel. Vus du littoral, les défis de L’Islet-Sud semblent énormes, sinon plus importants qu’ailleurs. Mythe, ou réalité? Le Placoteux a voulu vérifier ce qui en est vraiment sur le terrain. Deuxième arrêt : Tourville.
10 000 habitants. C’est le chiffre que certains laissent échapper quand il est question de Tourville, fondée il y a 100 ans. Construite sur le tracé de la voie ferrée du Transcontinental, Tourville avait devant elle un bel avenir en raison de sa situation géographique, à mi-chemin entre Charny et Edmundston au Nouveau-Brunswick, qui y justifiait la construction d’une gare et d’une usine de réparation de locomotives.
Aujourd’hui, il suffit d’arrêter dans la petite municipalité traversée par la route 204 pour constater qu’elle n’a visiblement pas vu se concrétiser les ambitions qu’on avait pour elle lors de sa fondation. L’usine de réparation a fermé ses portes au milieu des années 50 et la voie ferrée a été démantelée durant les années 80.
Le maire Benoît Dubé n’a pas connu cette époque glorieuse du chemin de fer à Tourville, mais il a déjà connu sa municipalité avec une population oscillant autour de 1200 habitants. « Aujourd’hui, on se maintient plutôt autour de 580 et 600 habitants », indique-t-il.
Un maintien rendu possible, une fois de plus, par la position mitoyenne de Tourville, à mi-chemin entre Saint-Pamphile et Saint-Jean-Port-Joli, lieu de travail de plusieurs résidents selon le maire.
« On attire quand même passablement de jeunes familles à Tourville, c’est surprenant. Les maisons sont abordables et elles ne restent pas affichées longtemps », soutient-il.
Un arrêt au Centre sportif Le Jasmin tend à lui donner raison. Cet après-midi-là, de la quinzaine de clients attablés pour le dîner, la moitié d’entre eux semblaient âgés entre 25 et 35 ans. « Le Jasmin, c’est vraiment une de nos fiertés à Tourville », poursuit le maire.
Récréotourisme
Niché en bordure de l’ancien chemin de fer faisant aujourd’hui office de piste pour motoneigistes et quadistes, Le Jasmin semble faire le pont entre le passé et le futur de Tourville. Ouvert depuis 12 ans, le magnifique chalet en bois rond agit comme relais pour motoneiges et VTT, restaurant ouvert à l’année et office de tourisme – les bureaux administratifs de l’Office de tourisme de L’Islet y sont installés. Annuellement, entre 40 000 et 50 000 repas y sont servis. Au plus fort de la saison hivernale, 25 personnes y travaillent, ce qui en fait un des plus importants employeurs de la Municipalité. « Le récréotourisme, c’est vraiment là qu’est l’avenir de Tourville », déclare le maire.
Entourée de forêt, traversée par la rivière Ouelle et possédant deux lacs sur son territoire, les lacs Therrien et Noir, Tourville est un lieu recherché des villégiateurs. Au total, il resterait tout au plus une dizaine de terrains en mesure d’accueillir des chalets en bordure de ces trois cours d’eau. Le potentiel est donc là pour accroître l’offre en hébergement croient Benoît Dubé et le directeur général de la Municipalité, Normand Blier. En fait, un seul gîte est actuellement en opération à Tourville et ce dernier bénéficierait d’un très bon taux d’occupation selon eux. « Les circuits VTT qui ont été développés par l’office de tourisme l’an dernier, ç’a été un gros succès pour nous. On a vu une augmentation importante de l’achalandage. Les gens s’arrêtaient pour ça et ils nous le disaient », mentionne Benoît Dubé.
Et c’est sans parler du sentier ornithologique au lac Noir, d’un lieu utilisé gratuitement pour le camping en bordure du lac Therrien et d’un projet de sentier cycliste qui devait jadis le lier au village, mais qui est aujourd’hui sur la glace. « On est conscient des atouts, mais tout ce qui nous manque pour les développer c’est des idées, de l’argent ou des promoteurs privés. Avec l’analyse de regroupements de services entre les municipalités de L’Islet-Sud qui est sur la table, il y a une opportunité là pour mieux orienter nos actions futures selon moi », conclut le maire.