SAINT-GERMAIN — Un jeune producteur de 30 ans de Saint-Germain soutient que ses projets d’expansions ont été freinés depuis que la société d’investissement Pangea a acheté à meilleur prix les terres qu’il convoitait, voisines de la sienne.
Jean-Luc Laplante louait les terres de son voisin depuis deux ans. Il raconte avoir indiqué au propriétaire son intention de les acquérir. Mais Pangea, explique l’agriculteur, a fait une offre supérieure à la sienne qu’il ne pouvait accoter pour être rentable. Il avait demandé à son voisin, dit-il, de le prévenir si une offre sérieuse lui était faite.
Le propriétaire des terres, M. Denis Laplante affirme de son côté que Jean-Luc Laplante ne lui a jamais fait d’offre formelle. « On lui a offert tout l’hiver et il n’était pas intéressé », dit-il. Selon lui, l’offre de 450 000 $ faite par Jean-Luc Laplante lui est venue après la transaction. De toute façon, compte tenu la valeur de la terre et la présence de plusieurs bâtiments, cette offre était nettement insuffisante, ajoute-t-il.
Une moyenne
Son directeur général, Serge Fortin, explique que l’offre de Pangea est basée sur la moyenne des évaluations qui ont été faites par deux évaluateurs indépendants. Sans dévoiler le montant de la transaction, il reconnaît que cette offre est tout de même supérieure à celle de Jean-Luc Laplante.
Jean-Luc Laplante s’interroge sur le fait que l’offre de Pangea est arrivée quelques jours seulement après que la Caisse de dépôt et de placements du Québec et le Fonds de solidarité de la FTQ eurent annoncé leur intention d’investir 20 M$ dans Pangea. Un lien que dénonce M. Fortin. Cette participation n’a rien à voir avec l’offre qui a été faite, dit-il.
Compétition
M. Laplante insiste sur le fait qu’il n’en veut pas à son voisin d’avoir vendu à un meilleur prix. Il ne lui garde aucune rancune. C’est l’attitude de la société d’investissement qu’il dénonce. « Pangea dit qu’elle n’est pas là pour compétitionner la relève ni pour renchérir les prix, mais c’est ce qu’elle a fait avec moi », déplore le jeune agriculteur. Jean-Luc Laplante dit qu’il aurait davantage compris la situation si l’acheteur avait été un autre producteur.
Selon Serge Fortin, Pangea investit en partenariat avec le milieu sur une base à long terme. M. Fortin cite d’autres cas où Pangea a décidé de se retirer en apprenant qu’un acheteur local était sur les rangs. C’est d’ailleurs ce que Pangea avait fait au départ, dit-il, en sachant qu’un producteur était déjà en location. « On était prêt à acheter les terres et la maison, selon les souhaits du vendeur. M. Laplante ne voulait pas de la maison », ajoute M. Fortin.
Prévenir
Jean-Luc Laplante dit que sa sortie publique vise à prévenir les acheteurs potentiels. Il veut éviter qu’une telle situation se reproduise. Néanmoins, dans certains cas, lorsque les terres ne trouvent pas preneurs, il n’est pas contre le fait que Pangea les achète. Dans son cas, Pangea va à l’encontre de son engagement de ne pas nuire à la relève, soutient-il.
L’hiver dernier, Jean-Luc Laplante et son père, Maurice, ont prévu un plan B au cas où ils ne pourraient acquérir les terres voisines. Ils avaient déjà prévu agrandir l’étable. L’agrandissement sera plus grand que prévu de façon à rapatrier tous les animaux de remplacement. « En termes d’investissement, c’est pas mal l’équivalent, sauf qu’avec l’acquisition il y aurait eu les terres en plus », conclut M. Laplante.