Publicité

Un père doit se battre pour connaître ses enfants

Photo : Christina Bodendorfer (Unsplash.com)

Martin (nom fictif) de Gatineau, mais originaire de Saint-Pacôme au Kamouraska, se bat en cour depuis deux ans afin d’avoir le droit de faire la connaissance de ses deux enfants, des jumeaux, alors que la mère ferait tout pour lui mettre des bâtons dans les roues et le décourager. À bout de ressources, il se confie aujourd’hui à cœur ouvert en attendant que cette impasse soit dénouée.

Martin n’était plus en couple avec la mère de ses enfants quand il a appris que cette dernière était enceinte. Il avait mis fin à leur relation quelques semaines auparavant, lorsqu’il avait découvert qu’elle était déjà en couple avec un autre homme.

« Quand elle m’a dit qu’elle était enceinte, déjà j’avais des doutes que je pourrais être le père. C’est quand elle m’a envoyé une photo de la première échographie où apparaissait une date de conception approximative que mes doutes se sont transformés en certitudes », raconte-t-il.

Avant même la naissance des jumeaux en avril 2018, Martin avait déjà consulté un avocat dans l’espoir de faire valoir ses droits. Les premières actions en cour ont été entreprises en septembre de la même année. L’ordonnance exigeant que la mère fasse passer un test d’ADN aux enfants a été obtenue le 31 octobre 2018, d’indiquer son avocat, Me William Desrochers.

« Madame a tout fait pour gagner du temps et ne pas faire passer le test. Il a fallu faire une requête pour outrage au tribunal pour la contraindre à s’exécuter. Elle a été condamnée à purger une peine de prison, mais le jugement lui donnait une dernière chance : si elle faisait le test d’ADN avant telle date, elle évitait la prison. Elle a attendu la veille de son emprisonnement pour faire faire le test », résume l’avocat.

Même si le test est venu prouver hors de tout doute que Martin était le père, la mère a commandé une contre-expertise, allongeant ainsi les procédures de quatre autres mois. Puis, elle a annoncé que celle-ci confirmait la paternité de Martin, mais elle n’aurait jamais partagé le document. Cela ne l’a pas empêché de soulever un moyen de défense farfelue à l’encontre de la demande en réclamation de paternité, encore une fois dans l’espoir évident d’étirer les procédures. Martin a dû déposer une demande en rejet des moyens de défense pour que la mère capitule et qu’il soit reconnu légalement comme père.

Une entente à l’amiable est ensuite intervenue pour que Martin voie ses enfants sous la supervision d’un intervenant dans un centre spécialisé, sur une durée de trois mois. Cette approche avait été demandée par Martin lui-même, ce dernier voulant se « protéger » de la mère et bien documenter ses capacités parentales. La mère ne s’est finalement jamais présentée aux visites.

« Madame s’est placée une fois de plus en outrage au tribunal, déblatérant de nouveau une série de mensonges pour justifier ses actes. Cette dame n’est même plus représentée par un avocat, elle n’offre aucune défense concrète, elle se moque du système de justice et allonge inutilement les procédures en ne se présentant pas devant la cour, obligeant un huissier à se rendre chez elle pour l’amener au tribunal », poursuit Me Desrochers, qui aimerait que les juges fassent preuve de davantage de fermeté à son endroit, tout en comprenant qu’il s’agit d’une situation complexe et délicate.

À bout

Ainsi, deux ans et demi après leur naissance, Martin n’a encore jamais vraiment fait la connaissance de ses enfants. Les procédures judiciaires qui s’allongent commencent également à lui peser financièrement, même s’il reconnaît que son avocat fait preuve de flexibilité avec lui.

« En gros, je crois que je devrais m’en tirer avec entre 15 000 $ et 20 000 $ si tout finit par se régler dans un horizon de six mois à un an », déclare-t-il.

En attendant, le temps presse, ajoute Me Desrochers, car la mère continue de faire vie commune avec celui qui, jusqu’ici, a toujours agi en tant que père des enfants. Le couple a même eu un autre enfant ensemble postérieurement à la naissance des jumeaux de Martin. Me Desrochers rappelle que les experts enseignent que le lien d’attachement entre un parent et un enfant se crée plus naturellement et avec plus de vigueur dans les deux premières années de leur vie. Martin et ses enfants sont actuellement privés de développer ce lien, faute d’une mère qui refuse de collaborer.

« Une plainte a été faite à la DPJ, car nous estimons que la sécurité psychologique des enfants est en jeu. Plus nous retardons l’annonce sur l’identité réelle de leur père, plus le choc sera grand pour eux. Le travailleur social qui nous a écoutés semblait choqué par cette histoire, mais nous sommes toujours dans l’attente d’un suivi », ajoute l’avocat.

Avec un peu de chances, Me Desrochers croit que Martin pourrait peut-être voir ses enfants d’ici les fêtes, mais il en doute. « Madame semble tellement persévérante et entêtée qu’il est probable que la seule façon qu’il puisse un jour espérer tisser des liens avec ses enfants serait que le tribunal lui confie la garde. Mais pour ça, il serait préférable qu’une expertise soit réalisée et qu’elle démontre que c’est la bonne chose à faire. Dans un contexte comme celui-ci, où les enfants ne connaissent pas leur père, c’est plus difficile, voire inenvisageable », conclut-il.