Déjà reconnue à l’échelle internationale, c’est chez elle, dans sa région, que la chorégraphe et fondatrice de la compagnie Fleuve | Espace danse, Chantal Caron, vient d’être récompensée. Lauréate du Prix du CALQ – Artiste de l’année en Chaudière-Appalaches, la native de Saint-Jean-Port-Joli, dont la tête déborde toujours de projets, se demande maintenant si elle n’est pas allée à l’extrême de sa démarche artistique.
Ce nouveau prix remis à Chantal Caron a été décerné le 20 novembre dernier. Il est assorti d’une bourse de 10 000 $. Cette récompense s’ajoute à celle décernée l’été dernier en Bulgarie pour son film de danse Prendre le nord, mais que la chorégraphe n’a pu recevoir en main propre en raison d’un tournage qui la retenait au pays.
« Je suis très heureuse! On a travaillé fort durant la pandémie, on ne s’est pas laissé aller, et on a adapté notre travail en fonction des mesures sanitaires qui étaient en vigueur », a résumé Chantal Caron.
Par ce prix, les membres du jury du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) ont reconnu l’apport de Chantal Caron « à démocratiser la danse contemporaine et à la sortir des sentiers battus ». En 2015, le CALQ avait également récompensé la chorégraphe port-jolienne, mais cette fois en lui décernant le prix de l’œuvre de l’année pour sa vidéodanse Glace, crevasse et dérive.
Son prochain court métrage, Marée noire, dont la sortie est prévue en janvier 2024, sera un clin d’œil indirect à cette production d’il y a dix ans qui lui a permis de remporter son premier prix du CALQ. Avec comme trame de fond un déversement de pétrole dans l’océan, Marée noire présentera trois danseuses qui ont tourné dans des conditions extrêmes, tantôt sur les glaces, seules, à la dérive, tantôt durant d’intenses tempêtes hivernales.
« Je pense être allée à l’extrême pour Marée noire. Comment me déployer à nouveau, me renouveler après ça? Mon questionnement est là à l’heure actuelle », confie la chorégraphe.
Toujours inspirée
Chantal Caron se questionne, mais elle assure ne pas être en manque d’idées. Un projet sur la disparition des caribous est dans les cartons. Son rêve serait de tourner des scènes de ce film en Norvège, ou encore dans les grandes plaines de Mongolie, « là où cette bête a pris naissance ».
Tout le travail effectué depuis 16 ans avec Fleuve | Espace danse sert aujourd’hui de carte de visite afin de trouver le financement adéquat pour réaliser ces projets qui la sortent de plus en plus de l’estuaire du Saint-Laurent.
Si le fleuve et ses berges demeurent toujours une source d’inspiration intarissable pour Chantal Caron, force est de constater que la territorialité, la nature au sens large influencent de plus en plus sa démarche artistique.
En quête d’authenticité, la Port-Jolienne désire aller là où les choses qui inspirent son propos prennent racine. « Le Nord, par exemple, le Groenland, j’y suis allée. Parce que je l’ai vécu, je suis capable aujourd’hui de le communiquer à mes danseurs », dit-elle en référence à Prendre le nord, qui s’inspire de la migration des oies blanches.
Sorti en 2021, le film d’une durée de 23 minutes continue de circuler dans différents festivals à travers le monde, en plus d’accumuler les récompenses, au nombre de six depuis 2022.
Jusqu’au 10 mars prochain 2024, le court métrage est partie intégrante de l’exposition Riopelle.Regards croisés au Musée du Bas-Saint-Laurent de Rivière-du-Loup. Dans le cadre de cette exposition, l’œuvre de Chantal Caron est mise en relation avec la production artistique de Riopelle, grand artiste québécois dont le centenaire de sa naissance a été célébré en 2023, et dont le décès est survenu en 2002 à sa résidence de L’Isle-aux-Grues.