Une éolienne nouveau genre à la recherche de financement

Armand Robitaille tenant une maquette de son invention. Photo : Maxime Paradis.

Une éolienne flottante avec à la tête de ses palmes un toit muni de panneaux solaires. L’idée peut paraître tout droit sortie d’un roman de Jules Vernes, mais il n’en est rien. Imaginée par Armand Robitaille, sculpteur de métier installé dans l’arrière-pays de Sainte-Louise, cette invention brevetée en partie qu’il ne cesse d’améliorer depuis qu’il en a eu l’idée il y a 28 ans est actuellement à la recherche du financement nécessaire qui pourrait lui permettre de prendre son envol.

Parce que les bonnes idées se présentent souvent dans les moments les plus anodins de notre quotidien, c’est pendant qu’il faisait la vaisselle qu’Armand Robitaille a eu l’idée de son éolienne nouveau genre. Un bol flottant et tournant sur lui-même dans l’eau lui a inspiré l’éolienne à énergie solaire qu’il souhaite aujourd’hui voir se réaliser en format géant.

 « J’ai appelé le projet ESTA, pour eau, soleil, terre et air, car il englobe ces quatre éléments de la nature dans son fonctionnement », résume l’inventeur.

Cette éolienne unique, qu’Armand Robitaille croit possible de réaliser dans son entièreté au Québec, consiste en une gigantesque turbine où chacune des pales la composant serait reliée par un toit muni de panneaux solaires reprenant la forme aérodynamique des ailes d’un avion. Le vent pénétrant ainsi plus aisément au cœur de la turbine pourrait alimenter celle-ci avec des vents d’une puissance aussi faible que 3,5 km/h, dit-il.

Contrairement à une éolienne standard où la turbine est accrochée à la verticale à un mât principal, celle imaginée par Armand Robitaille flotterait à l’horizontale dans un bassin alimenté par l’eau de pluie. Cette particularité a pour but de soutenir une grosse turbine et d’en limiter l’usure. « Comme ça va toujours tourner, il n’y aucune chance que le bassin gèle en hiver », ajoute-t-il.

Le bassin, quant à lui, reposerait sur une fondation dans laquelle on y retrouverait la chambre des génératrices. De différentes puissances et suspendues à l’arbre de l’éolienne, ces génératrices en apesanteur fonctionneraient chacune à vitesses variables et leur mise en opération serait orchestrée individuellement ou de façon combinée par un anémomètre (NDLR : Appareil permettant de mesurer la vitesse ou la pression du vent), selon la puissance des vents extérieurs.

Enfin, la fondation de l’éolienne serait entièrement souterraine et recouverte de terre afin de former un monticule qui aurait pour mission d’accroître la vitesse des vents au sommet de 40 à 80 %, selon la forme que prendrait la colline, limitant aussi les vibrations. « La première mouture de mon invention est brevetée au Canada et aux États-Unis, mais pas les améliorations que j’ai apportées depuis 2002 », précise Armand Robitaille.

Essais scientifiques

Confiant qu’ESTA pourrait révolutionner l’industrie énergétique de demain pas sa combinaison d’énergie solaire et éolienne, Armand Robitaille est entré en contact récemment avec Ion Paraskivoiu, professeur titulaire du département de génie mécanique à l’École polytechnique de Montréal et ingénieur spécialisé dans les éoliennes. Ce dernier se serait montré intéressé à conduire des essais scientifiques sur un prototype de 100 mètres de diamètre. La facture s’élève toutefois à environ 60 000 $, incluant les honoraires des quatre experts qui doivent se pencher sur le projet pour une durée d’environ 21 semaines. Armand Robitaille est donc en quête de financement, depuis mars dernier.

« J’ai fait des contacts auprès de nos députés et du département de développement économique de la MRC de L’Islet, mais je n’ai toujours pas de retour », indique l’inventeur qui joue aujourd’hui le tout pour le tout en médiatisant son invention.

Selon lui, ESTA s’inscrit à merveille dans cet intérêt prononcé de nos gouvernements pour les technologies vertes, à un moment où la relance de l’économie s’annonce pour être davantage ancrée dans le marché local. Son éolienne, qui privilégie l’utilisation de l’aluminium et de matériaux composites recyclés dans sa conception, sans oublier la technologie des moteurs, inventée ici, ferait de celle-ci un produit vert 100 % fabriqué au Québec.

« Actuellement, seuls les pales et poteaux des éoliennes sont réalisés chez nous. La technologie des moteurs, elle, vient du Danemark. Et je ne vous parle même pas de la pollution engendrée par l’enfouissement des pales des éoliennes actuelles, confectionnées de matériaux non recyclables, lorsqu’elles arrivent à la fin de leur vie. Tout est recyclable ou réutilisable avec ESTA. C’est un vrai projet écologique qu’on peut créer chez nous à partir des matériaux de chez nous. C’est l’occasion rêvée d’y donner une chance », plaide Armand Robitaille.