Manger des épinards, du kale, de la laitue, des oignons verts ou même du céleri qui aura poussé durant le rude hiver kamouraskois sera bientôt possible. La Ferme des Rhizomes de Saint-Pascal fait le pari audacieux d’aller contre froid et luminosité avec une offre de paniers hivernaux de légumes de conservation cultivés en champ, ou d’autres en serre froide ou minimalement chauffée.
Olivier Bissonnette-Lavoie et Maha Farah Elmir n’arrivent pas d’une autre planète, ils sont bien conscients de la réalité climatique québécoise. Les deux maraîchers, installés sur les terres familiales d’Olivier à Saint-Pascal, avaient eux aussi en tête l’été pour leur production maraîchère. L’offre a tellement explosé ces deux dernières années dans la région qu’ils ont finalement décidé de troquer la saison chaude pour l’hiver afin d’être complémentaires aux autres et de proposer aux gens de la région un accès à des légumes locaux et biologiques 12 mois par année.
« On ne savait pas vraiment si ça pouvait se faire au Québec. On s’est informé et on a découvert que certaines fermes maraîchères font des légumes d’hiver, dont une en Estrie qui nous a particulièrement inspirés. À partir du moment où tu disposes d’installations adéquates, c’est possible de te lancer », raconte Maha.
De choix par dépit, l’idée a donc fini par germer au point où le couple se dit aujourd’hui très heureux de sa décision. Faire pousser des légumes d’hiver comporte son lot d’inconvénients, comme la gestion de l’humidité en serre pour éviter moisissure et pourriture, mais aussi ses avantages, comme une gestion des parasites beaucoup moins prenante et une courbe de travail mieux régulée.
« Cultiver l’été, c’est un gros blitz qui va du printemps à l’automne, avec un rythme plus tranquille en l’hiver. Dans notre cas c’est l’inverse, notre saison commence plus tard à l’été, elle se poursuit à l’automne et l’hiver sera surtout consacré à la commercialisation », résume Olivier.
Comme l’explique le maraîcher, le froid n’est pas le principal ennemi de la culture hivernale, comme le voudrait la croyance populaire. La luminosité insuffisante de la mi-novembre à la mi-février est ce qui interrompt la croissance des légumes.
Ainsi, Olivier et Maha travailleront en deux temps. D’abord, il y aura les légumes de conservation cultivés en champ — patate, carotte, chou, betterave, panais, etc. – et récoltés avant ou après les premiers gels. Ceux-ci seront disponibles dès cette année pour les abonnés aux paniers hivernaux. Dès l’an prochain s’ajouteront les légumes cultivés en serre froide ou minimalement chauffée par biomasse — épinard, kale, persil, coriandre, oignons verts, roquettes, laitues, mescluns, céleris, etc. – et que le couple récoltera durant les longs mois d’hiver pour la vente.
Accessibilité
Quelques jours à peine après avoir annoncé ses couleurs, la Ferme des Rhizomes semble avoir remporté son pari puisqu’elle fait tranquillement le plein d’abonnés pour ses paniers hivernaux. Leurs installations ne sont pas encore complétées qu’Olivier et Maha songent maintenant à s’adjoindre d’autres producteurs locaux de la région afin de proposer une offre de produits encore plus diversifiée lors des jours de chute à la ferme.
Et pour ceux qui ont le goût de contribuer à un élan de solidarité, le couple offre la possibilité de participer financièrement à un panier en attente qui sera offert à une famille à faible revenu. Si personne ne se manifeste pour en bénéficier, Olivier et Maha contacteront des organismes communautaires de la région qui les aideront à cibler des ménages potentiellement intéressés par la formule.