Vignoble Amouraska : Apprivoiser la vigne

Serge Lavoie calcule le taux de sucre de ses raisins (degré brix) avec son réfractomètre. Photo : Maxime Paradis.

Loin d’être aussi répandue qu’en Montérégie ou dans les Cantons-de-l’Est, la viniculture est pourtant bien implantée dans Kamouraska—L’Islet depuis une bonne vingtaine d’années. Véritables pionniers, les rares passionnés qui s’y adonnent travaillent d’arrache-pied à l’enrichissement de notre terroir régional dans l’adversité climatique la plus totale. En cette saison des vendanges, Le Placoteux dresse le portrait de trois de ces entreprises en voie d’atteindre la maturité de ces grands crus qui font saliver.

Le 2 octobre au matin, Serge Lavoie et Kathy Dickner du Vignoble Amouraska se réveillaient avec un autre gel au champ. À 9 h, le mercure indiquait 5 °C, 4 degrés de moins qu’à La Pocatière, 30 minutes plus tôt. Plantées dans un vallon, non loin où coule la rivière du Loup, mais à une dizaine de kilomètres du fleuve, les 3000 à 3500 vignes en activités du Vignoble Amouraska sont plus propices aux gelées automnales que celles du Vignoble du Faubourg à Saint-Jean-Port-Joli ou du Raku (Recul) à Saint-Germain-de-Kamouraska.

Cette année, Dame nature a été plus impitoyable que jamais selon Serge. La gelée de la nuit du 1er au 2 octobre n’est pas la première que ses vignes doivent subir cette année, dit-il.

« On le savait quand on a acheté le vignoble que la vigne dans la région, ce n’était pas évident. S’il n’y avait pas eu d’autres produits, les petits fruits, je ne crois pas qu’on aurait acheté », avoue-t-il.

Propriétaires du Vignoble Amouraska depuis 2017, Serge Lavoie et Kathy Dickner ont repris l’exploitation jadis connue sous le nom de Vignoble La Marée Montante. Avec un hectare de terre consacré au raisin et un autre à la culture de petits fruits (cassis, aronia, prune, cerise, framboise, poire, rhubarbe), le Vignoble a produit 6500 bouteilles, essentiellement des crèmes et des vins de petits fruits, mais environ 500 bouteilles de vin de raisins le printemps dernier.

Le nouveau couple de vignerons aurait bien aimé faire davantage, mais au fur et à mesure qu’ils apprivoisent la vigne, ils se rendent bien compte que la production au champ n’est toujours pas optimale en raison des aléas du climat et de la sous-performance de certains plants.« Ils nous restent encore un 1000 autres plants à récupérer et on aimerait éventuellement planter d’autres vignes, plus près de la boutique pour que les clients puissent bien les voir », ajoute Serge Lavoie.

La priorité est toutefois aux solutions pour celles déjà en mesure d’offrir du rendement. Tunnels pour accélérer le mûrissement des fruits et leurs permettre de mieux résister aux gelées, filets pour protéger les vignes des insectes, passer plus de temps au champ, commencer la taille plus tôt au printemps, Serge Lavoie est peut-être un brin découragé en ce matin du 2 octobre, mais il n’est visiblement pas prêt à baisser les bras. À sa troisième vendange, la résilience du vigneron semble s’être bien installée en lui.

Boutique-bistro

Outre ces gelées dont se seraient passées Serge et Katy, tout n’est pas noir pour le Vignoble Amouraska. Lors de notre passage, Serge Lavoie avouait être très emballé par l’assemblage du nouveau vin de cassis qu’il venait d’entamer. « Je crois que c’est prometteur », a-t-il déclaré.

Leur boutique-bistro, inaugurée au début de l’été et reprenant le concept d’une microbrasserie avec ses plateaux de dégustation mélangeant vins et crèmes, a aussi connu un succès au-delà des prévisions, reconnaît-il. Même si l’ensemble de leurs produits sont en rupture du stock, à l’exception du vin d’aronia, Serge et Kathy participeront aux marchés de Noël encore cette année. Tant que toute leur production n’aura pas été écoulée directement à leur boutique, pas question pour eux d’arrêter.