Le 21 septembre dernier, le maire de Saint-Paul-de-Montminy, Alain Talbot, a été la cible d’une agression armée. Dans une vidéo qu’il a lui-même filmée et qui circule abondamment sur les réseaux sociaux, on voit un homme de sa localité lancer un objet lourd, s’apparentant à une brique, fracassant le pare-brise avant de la camionnette. À l’instar de son collègue de la MRC de Montmagny, le préfet de la MRC de L’Islet Normand Caron condamne vivement cette agression.
« Ce geste n’est pas acceptable dans une démocratie comme la nôtre. S’attaquer à des gens en raison de leur fonction d’élu dans un gouvernement de proximité est à mon sens incompréhensible. Nous sommes de tout cœur avec notre collègue maire de la Côte-du-Sud », déclare Normand Caron au Placoteux dans un bref entretien téléphonique.
Frédéric Jean, préfet de la MRC de Montmagny, estime quant à lui avoir réagi rapidement afin d’assurer la sécurité de M. Talbot. « Dès que j’ai été informé de la situation par Bernard Généreux, député à la Chambre des communes, j’ai immédiatement appelé Alain Talbot pour voir comment il allait, tout en le rassurant à savoir que la MRC lui apporterait tout le soutien possible. J’ai ensuite parlé avec Mathieu Rivest, notre député à l’Assemblée nationale, qui avait déjà été en contact avec la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest. Par la suite, j’ai parlé avec Jacques Demers, président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM) pour discuter de la situation et agir rapidement. »
En effet, pour soutenir M. Talbot, la MRC de Montmagny a fait appel à la FQM qui propose des programmes d’aide légale et psychologique. « Ce soutien est crucial, non seulement pour M. Talbot, mais aussi pour l’ensemble des élus qui, trop souvent, se retrouvent démunis face à de telles situations », souligne M. Jean.
Selon les informations disponibles, la Sûreté du Québec devait appréhender sous peu le citoyen responsable de cette attaque. Le Directeur des poursuites criminelles et pénales a d’ailleurs confirmé qu’un mandat avait été lancé contre Nicolas David. L’homme de 40 ans, résidant à Saint-Paul-de-Montminy, pourrait ainsi faire face à des accusations d’agression armée et de méfait.
Une question de permis serait à l’origine du geste, et la situation de tension avec le citoyen perdurerait déjà depuis plusieurs années.
« La situation, qui dure depuis 2017, met en lumière un problème systémique qui est le manque d’intervention avant que des gestes violents ne se produisent. Nous devons donc intervenir en amont afin d’éviter que la violence n’éclate. Il est nécessaire qu’en lien avec la Loi 57, la Sûreté du Québec et le système judiciaire puissent travailler de concert avec les élus harcelés, afin de garantir un soutien immédiat et efficace aux élus et aux employés municipaux lorsqu’une menace est perçue », ajoute le préfet Frédéric Jean.
Décourager l’implication politique
Selon Normand Caron, rien dans ce geste n’encourage les citoyens à s’impliquer au niveau municipal, alors qu’au même moment, la relève en la matière n’est pas au rendez-vous. « Imaginez, ce type de geste peut briser des vies. Je vous rappelle également qu’en 2025, Québec fera passer les élus des municipalités de moins de 2000 résidents de six à quatre conseillers, en raison d’un recrutement de plus en plus ardu dans le domaine. Je tiens aussi à rappeler que bien souvent, on est payé en bas du salaire minimum pour représenter nos citoyens. On n’a vraiment pas besoin de ce type de geste, et j’espère sincèrement qu’il s’agit d’un cas isolé qui ne se reproduira plus », conclut-il.
La MRC de Montmagny et celle de L’Islet appellent ainsi à une prise de conscience collective, et à une collaboration étroite entre les gouvernements et les municipalités afin de prévenir de futurs actes de violence envers les élus.