Dans l’histoire du Québec, on associe souvent la construction navale aux grands chantiers que l’on trouve notamment à Lévis ou à Québec. On oublie parfois que la Côte-du-Sud est une région où cette industrie a été florissante.
La nécessité de construire chaloupes, goélettes, et sloops s’est imposée rapidement au XIXe siècle puisque le Saint-Laurent constituait la seule voie de communication avant l’arrivée du chemin de fer et des routes. Après Saint-Thomas (Montmagny), c’est à Cap-Saint-Ignace, L’Islet et Saint-Jean-Port-Joli où l’on construit le plus de bateaux.
Les goélettes sont vitales pour les paroisses riveraines au fleuve, puisqu’elles permettent le commerce de divers produits jusque vers la basse Côte-Nord. À L’Islet, l’érection d’un quai en 1855 favorise le cabotage et profite aux 15 navigateurs et charpentiers de navire de cette localité. Ces derniers lancent 25 navires, dont 13 goélettes et huit sloops et quatre bricks. Parmi les constructeurs l’Islétains, on y trouve Narcisse et Phydime Moreau, Raymond Normand, Basile Deroy et Eustache Ménard.
François Lemieux qui a de multiples talents se fait d’abord connaître comme sculpteur, ayant entre autres réalisé le maître autel de l’église de L’Islet en 1827. Il lance plus de quatre goélettes jusqu’en 1855. Thomas Bernier (1825-1893) a également le vent dans les voiles. Il construit deux brigantins [Brick] à L’Islet : le Saint-Joseph, en 1866, et le Saint-Michel en 1870, jaugeant 460 tonnes.
À L’Islet, comme dans les autres localités de la Côte-du-Sud, le lancement d’un bateau ne passe pas inaperçu. Marjolaine Saint-Pierre, la biographe du capitaine Bernier, raconte qu’au lancement du Saint-Joseph, le curé de la paroisse l’aspergea d’eau bénite et que l’épouse de Thomas, Célina Paradis, brisa une bouteille de porto sur sa proue pour le baptiser.
Les goélettes et le cabotage marqueront l’histoire maritime de la Côte-du-Sud. On en verra dans toutes les paroisses riveraines au Saint-Laurent, comme ici au quai de Rivière-Ouelle.