Les paramédics de Saint-Jean-Port-Joli sont prêts à une mobilisation sans précédent au sujet de la conversion des horaires de faction en horaire à l’heure. Leur sortie survient une semaine après le passage du premier ministre François Legault dans la région qui a évoqué de nouveaux critères dans l’analyse des dossiers liés à ces demandes de conversion.
Les horaires de faction existent depuis plus de 30 ans au Québec dans le milieu ambulancier. Ils obligent les paramédics qui y sont soumis à être disponibles 24 h par jour durant sept jours consécutifs, avant de tomber en congé pour une semaine complète (7-14). Ils doivent également demeurer dans un rayon de moins de 5 minutes de la caserne ambulancière à laquelle ils sont rattachés.
Saint-Jean-Port-Joli dispose déjà d’un horaire à l’heure de jour pour l’un de ses mobiles, mais elle revendique depuis plusieurs années une conversion d’horaire pour son second véhicule sous la base que ce dernier respecte ou se rapproche du critère de sorties moyennes hebdomadaires de 28 h sur une base annuelle, établi sous l’ancien gouvernement de Philippe Couillard. De passage à Saint-Pacôme et La Pocatière la semaine dernière, le premier ministre François Legault a évoqué de nouveaux critères « objectifs » pour évaluer les conversions d’horaire des paramédics, précisant au passage que les dossiers de La Pocatière et de Saint-Jean-Port-Joli étaient actuellement à l’étude.
« Ça veut dire que des endroits comme La Pocatière peuvent éventuellement se retrouver avec des horaires à l’heure, mais si c’est le cas, c’est parce que ça aura été étudié de façon équitable dans toutes les régions du Québec. D’ici quelques mois, ça sera annoncé », a-t-il déclaré.
De ces critères « objectifs », François Legault a cité la population, le délai d’intervention et la distance des véhicules ambulanciers par rapport aux différents hôpitaux. Le président de la Fraternité des travailleurs et travailleuses du préhospitalier du Québec secteur Saint-Jean-Port-Joli Stéphane Lévesque n’a pas tardé à réagir.
« On se qualifiait déjà aux anciens, mais là le gouvernement décide de changer les règles du jeu en cours de route. Elle est où l’équité », a-t-il questionné ?
Le maire de Saint-Jean-Port-Joli Normand Caron est aussi critique face à ces « nouveaux critères » et se questionne s’ils rapprochent les paramédics de sa municipalité d’un horaire à l’heure ou s’ils les en éloignent. « Autant la Municipalité que la MRC de L’Islet continuent d’appuyer les paramédics. On pousse aussi auprès de la députée Marie-Eve Proulx, mais ce qu’on nous répond, c’est que c’est une question de budget », ajoute-t-il.
Dans une missive envoyée à la Municipalité de Saint-Jean-Port-Joli au début 2020, le ministère de la Santé et des Services sociaux faisait état d’un coût d’au moins 800 000 $ pour procéder à la conversion d’horaire du second mobile ambulancier de Saint-Jean-Port-Joli. À l’échelle de la province, Normand Caron mentionne que l’opération coûterait plus de 1 MM $ au gouvernement, selon les informations que lui auraient communiqué la députée de Côte-du-Sud.
« On ne demande pas au gouvernement de régler tout le Québec en même temps, mais au moins de s’attarder à notre situation qui le nécessite depuis longtemps », enchaîne le maire.
Manque d’écoute
Stéphane Lévesque rappelle que les arguments de santé et de sécurité de la population devraient primer sur les considérations financières. Les délais de départ des véhicules de faction ne rendent pas service aux gens du territoire, surtout lors d’intervention où chaque minute peut faire la différence auprès de personnes qui nécessitent une assistance immédiate. À cet effet, la patience des gens de la région a été assez suffisamment sollicitée, dit-il, en référence à l’appel lancé par le premier ministre.
Selon lui, le gouvernement en place manque d’écoute malgré les multiples sorties effectuées sur le sujet ces dernières années. Désireux d’obtenir une autre rencontre avec la députée Marie-Eve Proulx afin de lui exposer de nouveau leur situation, il promet une mobilisation sans précédent des paramédics et de la population si cela ne survient pas avant la prochaine campagne électorale.
« Nous ne sommes pas dans un esprit de confrontation, mais plutôt en mode où on cherche à tendre la main. C’est pourquoi on réitère notre demande de rencontre par le biais des médias, car c’est comme ça que nous avons réussi à avoir accès à elle la dernière fois », conclut-il.