L’Islet n’a plus rien à envier au Kamouraska. Dans cette MRC également, les productions et les élevages distinctifs se multiplient, signe d’une relève agricole allumée et désireuse de faire autrement. La dernière en lice, l’élevage de bœuf Wagyu, est poussée par Andréane Thibault, maréchal-ferrant du secteur Saint-Eugène à L’Islet.
Même si elle a grandi sur une ferme laitière de petite dimension, Andréane Thibault est clairement plus familière avec les chevaux que les bovins. Depuis quelques années, elle se spécialise d’ailleurs par son élevage d’Appaloosa, une race de chevaux de selle originaire du nord-ouest des États-Unis, pour lequel elle a déjà été primée.
N’ayant pas froid aux yeux et déterminée à diversifier ses activités agricoles, elle a pris la décision, il y a à peine un an, de se lancer dans l’élevage de bœuf Wagyu. Cette race de bovins japonais qui se démarque par la tendreté de sa viande est depuis peu de temps un des produits de boucherie les plus recherchés, et cela, malgré le prix relativement élevé de la viande — au moins une centaine de dollars pour une tranche de steak.
« Ce qui distingue le bœuf Wagyu, c’est le persillé (nervure de gras) de la viande qui est supérieur au bœuf Angus. La viande est plus tendre et avec un certain goût de noisette. C’est tellement gras qu’on n’a pas besoin de beurre pour faire cuire ça. On peut même en faire du bacon », s’exclame l’éleveuse.
La rareté de cet élevage au Québec est ce qui a séduit Andréane au premier chef. Le propriétaire de Wagyu Québec, Jeannot Luckenik, un important ambassadeur de ce type de viande dans la province, l’a ensuite convaincue, au point où il a accepté de lui vendre le premier taureau qui lui a permis de démarrer son élevage l’an dernier.
Objectif 2023
Un an plus tard, Andréane Thibault est encore loin de faire boucherie, mais elle peaufine tranquillement son projet qui pourrait compter, à terme, au moins 90 bêtes en élevage et une boutique à la ferme. L’an prochain, elle désire également mettre à niveau ses installations question de pouvoir réaliser une des étapes importantes de l’élevage qui consiste en l’engraissement de l’animal afin d’en arriver au niveau de persillé recherché.
« Si tout va bien, je devrais être en mesure d’avoir mes premières découpes au début de 2023. Élever du bœuf Wagyu de la fécondation jusqu’à l’abattage, c’est un bon trois ans si on considère la gestation de neuf mois et l’élevage proprement dit qui lui est de deux ans, dont 200 jours en engraissement. »
L’éleveuse dispose déjà à ce compte d’une dizaine de petites génisses qui pourraient être utilisées à cette fin et qui sont le fruit d’un croisement avec des vaches Angus. « Même si on a simplement le demi de la race dans l’animal, on peut tout de même l’appeler Wagyu », précise celle qui a déjà fait du démarchage auprès de bouchers et de différents chefs de la région pour valider leur intérêt pour son produit d’exception.
Bourse
Âgée de 40 ans, Andréane Thibault est détentrice d’un diplôme d’études professionnelles en production animale et d’une formation en maréchalerie. Elle a complété au préalable une Attestation de spécialisation professionnelle en Lancement d’une entreprise agricole au Centre formation affaires de Saint-Anselme en 2020, avant de lancer son élevage. Elle a récemment reçu une bourse en formation de 250 $ de la Fédération de l’UPA de la Chaudière-Appalaches et d’autres aides financières de la Financière agricole du Québec et du MAPAQ afin d’appuyer son démarrage d’entreprise.