La Maison Chapais veut sortir les jardins de l’oubli

La Maison Chapais. Photo : Maxime Paradis.

Créativité et financement demeurent le nerf de la guerre à la Maison Chapais de Saint-Denis-De La Bouteillerie. Après deux saisons estivales consécutives marquées par la COVID-19, une volonté d’exploiter ce qui ne l’a pas encore été suffisamment émane du conseil d’administration. Dans sa ligne de mire, les jardins oubliés de style victorien situés derrière la résidence des Chapais.

Le nom ne rend visiblement pas justice à l’importance que l’Association patrimoniale de Saint-Denis-De La Bouteillerie, gestionnaire de la Maison Chapais, entend leur donner. Les jardins oubliés, souvent au cœur de la vie victorienne de l’époque où évoluaient jadis Jean-Charles Chapais et son épouse Georgina Dionne, sont aujourd’hui plus ou moins intégrés aux visites guidées qui animent ce site touristique patrimonial au cœur de Saint-Denis-De La Bouteillerie.

Pourtant le théâtre des concerts des Dimanches champêtres en saison estivale, et cela, depuis près de deux décennies, les jardins oubliés ont sombré en quelque sorte dans l’oubli. Déjà l’an dernier, la présidente par intérim Claire Dumouchel indique que le souhait était de les remettre « en état ». La constitution d’un comité bénévole et l’embauche d’un jardinier ont suivi et un travail de restauration a été effectué afin de ramener les lieux dans l’esprit des plans d’origine dont dispose toujours l’Association.

« On a même tenu une activité test en lien avec des nichoirs et les insectes pollinisateurs, l’été dernier, et qu’on aimerait bien offrir aux familles éventuellement. C’est le genre de possibilités qu’offrent les jardins », souligne-t-elle.

Composé du jardin de fleurs de Georgina Dionne, les jardins oubliés ont aussi été le lieu d’expérimentation de Jean-Charles Chapais fils, dont le verger est considéré encore aujourd’hui comme un véritable laboratoire d’agronomie à ciel ouvert. La Maison Chapais compte désormais mettre en valeur davantage ce personnage plus méconnu de la famille Chapais, mais pas moins pertinent, au sein de leurs futures visites guidées.

« Une jeune stagiaire a été embauchée dans l’objectif de faire la recherche qui devrait mener à bonifier notre exposition permanente sur les Chapais, entre autres dans les jardins. On trouve pertinent de faire ressortir davantage Jean-Charles Chapais fils qui a été à l’origine de la première école de beurrerie à Saint-Denis et qui a eu un impact significatif sur l’évolution et l’expérimentation dans le domaine agricole à son époque », poursuit Claire Dumouchel.

Saisons écourtées

La COVID-19 et la pénurie de main-d’œuvre n’aidant pas, les derniers étés n’ont pas été mémorables en matière d’achalandage à la Maison Chapais, de reconnaître la présidente par intérim. « La maison est petite et on ne peut pas accueillir de gros groupes non plus », enchaîne-t-elle. En 2021, les difficultés à trouver des guides-animateurs se sont ajoutées — toute l’équipe a quitté à la fin 2020 — ce qui a retardé l’ouverture du site touristique au début de juillet. L’équipe réduite obligeait aussi à opérer quelques jours de moins qu’à l’habitude.

À cela s’ajoute une fin de saison précipitée par des travaux sur la toiture de la Maison Chapais, initialement prévus à l’été 2020. Évalués à 200 000 $, ces travaux ont bénéficié d’aides financières du ministère de la Culture et des Communications, de Parcs Canada, de la MRC de Kamouraska, de la Municipalité de Saint-Denis-De La Bouteillerie qui soutient financièrement la Maison Chapais sur une base annuelle et de donateurs privés par le biais d’une campagne de souscription populaire.

« Un carnet de santé de la Maison Chapais a été réalisé en 2019. Il en ressort un plan d’action sur cinq ans avec des investissements à plusieurs endroits pour maintenir la maison en état. Il y a de la peinture à faire, les balustrades à maintenir sécuritaires, mais la toiture en bardeaux de cèdres était probablement l’investissement le plus urgent à réaliser », indique Claire Dumouchel.

Financement

Le financement, qui demeure toujours un enjeu, a reçu un coup de pouce certain à travers les aides gouvernementales d’urgence octroyées au plus fort de la pandémie. La Maison Chapais, qui devait souligner son 30e anniversaire d’ouverture au public en 2020, a aussi vu une grosse campagne de financement accompagnée de festivités être mise sur la glace. Le conseil d’administration attend maintenant un retour à la normale avant de relancer pareils projets, de confirmer la présidente par intérim.

« La Maison a reçu son “agrément muséal” récemment, ce qui est une bonne nouvelle. Plusieurs programmes de subventions nous sont ouverts seulement si nous disposons de cet agrément. C’est très exigeant à répondre et à s’y conformer, mais c’est une norme qui est un plus pour une organisation comme la nôtre. »