Depuis trois ans, une clause dans les contrats qu’ont les municipalités avec la Ville de Rivière-du-Loup pour enfouir leurs vidanges fait qu’elles sont pénalisées financièrement si elles ne détournent pas assez de matières au bac brun.
Cet incitatif est peu connu et pourtant plutôt convaincant. La Ville de Rivière-du-Loup, qui gère le site, inclut dans son tarif un prix plus élevé si une municipalité ne détourne pas 15 % de ses poubelles ordinaires au bac brun. La « surtaxe » s’applique sur la portion qui n’est pas atteinte.
Un calcul mathématique permet de déterminer si le 15 % est atteint. Le nombre de tonnes envoyées au bac brun divisé par les déchets plus les bacs bruns x 100, donne le pourcentage en question. Le calcul ne comprend pas ceux qui font du compostage à la maison, la Ville n’ayant pas accès à cette donnée.
Ainsi, si le pourcentage est de 10 %, les 5 % de tonnages pour combler le manque sont chargés à 160 $ la tonne plutôt que 96 $ la tonne, qui est le tarif pour tous.
Pour la Ville de Rivière-du-Loup, cela permet de compenser ses propres coûts supplémentaires à fournir si elle doit aller porter ailleurs son propre tonnage qui ne doit pas dépasser 50 000 par année.
Jeter des matières organiques aux poubelles revient donc à jeter de l’argent aux vidanges, d’autant plus que le recyclage est remboursé aux municipalités et que le bac brun est calculé par le nombre d’habitants, donc le même prix, peu importe le nombre de matières envoyées.
« C’est comme payer le coût de l’abonnement à un club de golf, mais fréquenter un autre club de golf en payant à la fois », imageait Jacques Moreau, trésorier à la Ville de Rivière-du-Loup.
La Ville a comme client cinq MRC, dont Kamouraska, Rivière-du-Loup, les Basques, La Matapédia et La Mitis et ils payent le même prix. Actuellement, trois clients (municipalités et regroupement) atteignent les 15 % de matières détournées, ce qui est bien peu. Toutefois, plusieurs s’en approchent.
Désaccord
Rappelons que des conseils municipaux du Kamouraska ont montré leur désaccord à ce que les coûts pour avoir accès au site d’enfouissement augmentent ces dernières années. La Ville de Rivière-du-Loup admet qu’il y a du travail de communication à faire avec elles et avec les citoyens pour mieux faire comprendre les enjeux.
« La Ville n’est pas là pour faire des profits. Ce qui est chargé, c’est ce que ça coûte. Pour que ça coûte moins cher, il faut être plus performant et améliorer nos redevances », indiquait à titre d’exemple Jean-Bernard Ouellet, gestionnaire en environnement responsable du Lieu d’enfouissement technique et des matières résiduelles.
Il ajoutait que les coûts d’opération ont particulièrement augmenté ces derniers temps, que ce soit les assurances, l’essence et les exigences de plus en plus élevées.
Rappelons que le gouvernement du Québec s’apprête à interdire complètement l’enfouissement de la matière organique. Dans cette optique, la Ville estime qu’un taux de 15 % de détournement est relativement bas par rapport à ce qui s’en vient.