Travailleurs étrangers temporaires : Toujours dans l’attente après 18 mois

Ligne de production chez Les Bois Lemelin. Photo : Courtoisie Normand Gauvin.

Personne ne pourra reprocher à Normand Gauvin de ne pas être patient. Le président de l’entreprise Les Bois Lemelin à Saint-Aubert dans L’Islet a déposé sa demande pour la venue d’un quatrième travailleur étranger en octobre 2020. 18 mois plus tard, il attend toujours que le gouvernement fédéral octroie le visa nécessaire pour le faire venir des Philippines.

Normand Gauvin n’en revient tout simplement pas. Les conditions de travail proposées par les employeurs d’ici aux travailleurs étrangers temporaires (TET) sont visiblement avantageuses pour qu’ils acceptent de venir travailler au pays malgré tout, après autant d’attente entre le moment qu’ils sont recrutés et le moment qu’ils posent leurs pieds pour la première fois en sol canadien.

« Ils attendent en moyenne un an et demi pour avoir leur visa. Comme n’importe qui, ils ont besoin de travailler s’ils veulent manger et se loger dans leur pays, en attendant qu’on les accueille. On est chanceux qu’ils ne changent pas d’idée en cours de route », s’exclame-t-il.

Orientée vers la deuxième transformation du bois, l’entreprise Les Bois Lemelin de Saint-Aubert embauche 45 employés répartis sur des quarts de travail de jour et de soir. Elle pourrait facilement monter à 55 employés si la main-d’œuvre était au rendez-vous, car la demande pour les produits du bois est encore très forte au Canada et aux États-Unis où l’entreprise distribue l’essentiel de sa production, malgré l’augmentation des coûts des matériaux de construction depuis le début de la pandémie.

« Avant on avait deux lignes de production de dix employés chacune, la nuit. Quand la COVID est arrivée et qu’on a été obligé de fermer le quart de travail de nuit pour un mois, quand on a redémarré, on n’a pas été capable de repartir nos deux lignes, malgré la prime de nuit. Certains employés sont demeurés sur la PCU, d’autres sont partis travailler ailleurs et on a aussi eu des départs à la retraite », explique Normand Gauvin.

Des investissements de 5 M$ dans l’automatisation de ses procédés de production depuis 2018 et l’embauche de trois employés philippins arrivés avant la pandémie ont permis de maintenir active une de c’est deux lignes de production de nuit, dit-il. Le rêve de fonctionner au maximum de jour comme de nuit demeure néanmoins, mais se complexifie au fur et à mesure que la main-d’œuvre se raréfie et que les délais s’allongent dans la venue des TET. « Avec le traitement des visas pour les réfugiés ukrainiens qui vient de s’ajouter, sérieusement, je ne vois pas la lumière au bout du tunnel », ajoute le président.

Les visas de deux ans se terminant cette année pour ses trois premiers travailleurs philippins, Normand Gauvin avoue avoir déjà recommencé les démarches pour leur renouvellement afin de continuer à les maintenir à son emploi. Heureusement, les délais sont habituellement moins long lorsqu’il s’agit que d’un simple renouvellement, dit-il.

Quant à l’idée de faire venir trois autres TET afin de combler quelques-uns de ces dix postes qui sont toujours vacants au sein de son entreprise, il désirait attendre l’arrivée de son quatrième travailleur philippin avant de reprendre les démarches. « Je me suis fait conseiller par notre député fédéral et son équipe ne pas attendre trop longtemps et de m’y mettre maintenant. Heureusement qu’on fait affaire avec une firme spécialisée pour tout le processus, car il y a tellement de formulaires à remplir et de frais liés à ça qu’il se serait facile de faire des erreurs. On ne veut pas ça. »

Ligne de production chez Les Bois Lemelin. Photo : Courtoisie Normand Gauvin.