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Les maisons des jeunes en quête d’un meilleur financement

Photo : Facebook Quartier-Jeunesse.

Circonscrire leurs revendications à la simple question du financement ne serait certainement pas représentatif de la réalité des maisons des jeunes du Kamouraska. Il n’en demeure pas moins que les espoirs qu’ils plaçaient à ce chapitre n’ont pas trouvé écho dans le dernier budget Girard déposé la semaine dernière.

Le Carrefour des jeunes de La Pocatière et le Quartier jeunesse de Saint-Pascal le reconnaissent d’emblée, ils auraient pu sortir beaucoup plus amochés de la pandémie sur le plan financier. L’impossibilité pour eux de tenir des activités de financement populaire a été compensée, en partie, par l’augmentation progressive du financement de base gouvernemental depuis quatre ans et les économies engendrées par un fonctionnement allégé.

Le dernier budget Girard, dévoilé le 22 mars dernier, promet maintenant 37,1 M$ de plus aux organismes communautaires en santé et services sociaux pour la prochaine année, somme que devront se partager 3000 groupes communautaires. On est bien entendu loin de la coupe aux lèvres quand on sait que les revendications provinciales étaient plutôt de l’ordre de 370 M$.

« Entre vous et moi, c’est triste de voir que nos intervenants qui sont formés et diplômés dans leur domaine ne gagnent souvent pas plus de 1 $/h de plus que les jeunes qu’ils accompagnent dans le cadre de leur travail et qui, eux, ont des emplois étudiants », s’insurge Andrée-Anne Jacob-Tardif, coordonnatrice du Carrefour des jeunes.

Cette réalité salariale qui gangrène le milieu communautaire depuis toujours devient encore plus problématique dans le contexte de pénurie de main-d’œuvre actuelle. Il suffit qu’une ouverture se pointe dans le réseau de la santé et des services sociaux pour que les intervenants du milieu communautaire fassent le saut au public, où ils gagneront au minimum environ 10 $/h de plus, sans parler des autres avantages sociaux que les organismes sont incapables d’offrir.

Dans les maisons des jeunes, la situation est encore plus criante alors que les horaires atypiques n’ont rien d’alléchant dans le contexte actuel, comme le souligne le coordonnateur du Quartier Jeunesse Serge Binet. « Nous sommes comme dans le milieu de la restauration, notre offre de services se déploie principalement les soirs et les fins de semaine. Qui veut travailler les soirs et les fins de semaine dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, aux salaires que nous offrons » questionne-t-il ?

Le coordonnateur se considère tout de même chanceux, car il fonctionne actuellement avec neuf employés, dont deux à temps plein. Les sept autres sont tous à temps partiel et une grande compréhension de la part des membres de l’équipe permet une certaine rotation dans l’horaire, offrant l’opportunité à tous de goûter à des soirées et des fins de semaine de congé sur une base régulière. Serge Binet mentionne néanmoins offrir désormais l’assurance collective à ses employés et réfléchir à instaurer une forme de REER collectif afin de demeurer concurrentiel dans le marché actuel.

Au Carrefour des jeunes, où les étudiants en éducation spécialisée du Cégep de La Pocatière combinent souvent travail et études, Andrée-Anne Jacob-Tardif aimerait bien un employé supplémentaire, son équipe comptant actuellement quatre intervenants, mais le marché de l’emploi actuel et ses moyens financiers réduisent passablement ses options. « Si quelqu’un a la COVID, tout l’horaire se retrouve chamboulé », poursuit-elle.

La recette est connue, mais une fois de plus on déplore que le gouvernement ne souhaite pas l’appliquer. Un meilleur financement récurrent pour les organismes communautaires, notamment les maisons des jeunes, permettrait d’être plus attractif dans le recrutement de la main-d’œuvre, d’offrir davantage d’emplois à temps plein et par conséquent des heures d’ouverture élargies, répondant ainsi mieux à leur mission de base.

Ces doléances ont toutes été portées à l’attention de la députée de Côte-du-Sud Marie-Eve Proulx lors d’une rencontre commune tenue par les deux coordonnateurs dans la semaine précédant le dépôt du budget provincial. « L’écoute a été au rendez-vous », reconnaissent-ils, mais force est de constater, après coup, que leurs demandes, ni celles des autres groupes communautaires, n’ont pas teinté davantage les orientations financières gouvernementales à leur endroit.