Le bâtiment est relativement en bon état, mais les finances de la Fabrique crient famine. Le temps presse pour l’église de Sainte-Louise dont la Fabrique est prête à laisser aller l’acte de propriété, advenant un projet de transformation. Un état de situation a été présenté récemment en assemblée aux paroissiens.
Le portrait peut sembler noir, mais la Fabrique, notamment appuyée par la Municipalité de Sainte-Louise dans la démarche, a été proactive ces dernières années, bien que ralentie un tant soit peu par la COVID-19, de reconnaître Lucie Lord, marguillière de la Fabrique de Sainte-Louise et présidente du comité de travail pour l’avenir de l’église « On a déjà offert l’église à des entrepreneurs, l’été dernier. Mais le stationnement partagé avec l’école, pour des promoteurs privés, ce n’était pas quelque chose de très intéressant pour eux », poursuit-elle.
Quelques mois plus tard, si une certitude existe, c’est que l’église de Sainte-Louise devra être convertie à un autre usage. Lequel ? Six projets sont actuellement sur la table, en passant du déménagement de la bibliothèque municipale à l’aménagement d’un coin spectacle pour y tenir les Soirées cabaret, véritable succès culturel depuis plusieurs années au sein de ce petit village de 700 âmes de la MRC de L’Islet.
Ces idées sont ce qui est ressorti d’une consultation préalable réalisée auprès d’une vingtaine de groupes communautaires de Sainte-Louise qui avaient permis d’identifier cinq critères essentiels comme la viabilité et l’autonomie financière du projet, mais également l’acceptabilité sociale et l’adhésion de la population locale, pour ne nommer que ceux-là.
Aucune décision n’a été prise lors de l’assemblée des paroissiens tenue le 19 avril. La trentaine de personnes rassemblées en a néanmoins su davantage sur l’historique de la démarche, mais aussi sur la motivation principale, essentiellement financière, qui oblige à réfléchir à la transformation du bâtiment. « Il faut bouger. Autrement, on (la Fabrique) va frapper un mur », a ajouté Lucie Lord.
Finances
Depuis cinq ans, les déficits se succèdent pour la Fabrique de Sainte-Louise. La capitation annuelle a enregistré une diminution progressive de 29, 27, 26, 23 et maintenant 20 %. La participation à la messe dominicale est passée de 208 personnes en moyenne en 2017 à 81 en 2021.
Et il y a aussi les travaux à venir. À court terme, la Fabrique doit procéder à la réparation du perron de l’église, de l’œil-de-bœuf et des cadres de deux fenêtres. La facture est évaluée à 4600 $. Autrement, les nouvelles sont bonnes concernant le bâtiment.
« Le carnet de santé souligne que la bâtisse est en bon état. Le bas de la maçonnerie est un peu abîmé par l’eau, le ciment devrait être refait. La toiture serait aussi à refaire, mais sinon, tout est assez beau, l’ensemble a été très bien entretenu », résume la marguillière.
La Fabrique refuse cependant de dévoiler à combien ces travaux seraient estimés. Le carnet de santé en fait bel et bien état, dit Lucie Lord, mais il exclurait plusieurs autres frais, ce qui rend l’exercice caduc à son avis.
La stratégie privilégiée sera donc le cas par cas, lorsque les besoins se feront sentir. Comme le bâtiment est aussi considéré comme ayant une valeur supérieure (catégorie C), selon l’inventaire d’évaluation patrimoniale et de hiérarchisation régionale des lieux de culte du Conseil du patrimoine religieux du Québec, cette catégorisation ouvre aussi la porte à des subventions intéressantes pour le futur, de l’avis de Lucie Lord.
Transformation
Mais cela ne détourne pas pour autant l’attention de la Fabrique sur son objectif premier : procéder à la transformation de l’église, pour éventuellement la céder. Au 31 décembre 2021, ses liquidités s’élevaient à 28 841,04 $, mais avec une facture en assurance qui s’élève à plus de 6000 $ par année, soit 60 % des revenus de la capitation annuelle, la Fabrique estime que son compte sera à zéro d’ici deux ans.
L’urgence a visiblement était saisie par les paroissiens rassemblés le 19 avril. Aucun ne s’est opposé à poursuivre les démarches pour transformer l’église. En ce qui concerne le culte, le tiers — pas l’ensemble des paroissiens pratiquants, selon la marguillière — a manifesté son intérêt à ce qu’il soit maintenu à Sainte-Louise, ce qui signifie peut-être ailleurs que dans l’église. Actuellement, c’est dans la sacristie que sont célébrées les messes, de préciser Lucie Lord.
« Nous sommes prêts à laisser aller le bâtiment, une fois que le projet qui va orienter la transformation de l’église aura été identifié. Passerelles, une coopérative en patrimoine, a été embauchée et doit évaluer la meilleure idée de projets pour le bâtiment. La Municipalité nous suit aussi de près dans la démarche. Quatre activités de levée de fond sont également prévues d’ici la fin de 2022 », conclut-elle.