Quelques personnes ne s’en souviennent peut-être plus, mais la reine Élisabeth II s’était arrêtée à La Pocatière en 1987. Il s’agissait à l’époque de sa première visite officielle en terre québécoise depuis 1964, à l’exception de son passage à Montréal en 1976 pour les XXIe Jeux olympiques.
Difficile de dire pourquoi la reine avait choisi de s’arrêter à La Pocatière le 22 octobre 1987, mais cette virée dans l’Est-du-Québec incluait aussi un arrêt à Rivière-du-Loup. La veille, elle avait été accueillie à l’aéroport international Jean-Lesage de Québec par le lieutenant-gouverneur de l’époque, Gilles Lamontagne, et l’ancien premier ministre Robert Bourassa.
À ce moment, la reine n’avait pas remis les pieds dans la Vieille Capitale depuis 1964. Selon le site encyclopédique sur l’histoire du Québec depuis 1900, cette dernière visite « s’était déroulée dans un climat de tension à la suite des menaces proférées par des nationalistes québécois et des mesures de sécurité déployées par le corps policier ».
Des manifestations antimonarchiques organisées par des nationalistes québécois avaient aussi eu lieu lors de cette tournée en 1987, mais le climat était relativement différent de celui qui prévalait 23 ans auparavant. Dans un discours prononcé le jour même de sa visite à La Pocatière, la reine parlait alors du Québec comme d’une « société distincte », faisant allusion au passage à l’Accord du lac Meech fraîchement négocié, et qui devait être ratifié au plus tard en 1990 par toutes les provinces, ce qui n’est finalement jamais survenu.
Arrêt à La Pocatière
À La Pocatière, la tournée de la reine Élisabeth II comprenait un arrêt à l’Institut de technologie agroalimentaire qui fêtait cette année-là son 25e anniversaire. Une plaque commémorative avait alors été dévoilée.
À l’hôtel de ville de La Pocatière, le conseil municipal, avec à sa tête le maire Louis-Joseph Gosselin, se préparait depuis plusieurs mois à la visite de la souveraine. 1500 personnes, dont 600 jeunes des écoles primaires de la région, s’étaient massés ce jour-là, rapportait à l’époque la journaliste Claudette Dorval dans les pages du Placoteux.
« Ce n’était pas rien. Beaucoup de gens voulaient la voir. Il avait fallu modifier les toilettes ou en créer une pour elle, je ne me souviens plus très bien, raconte aujourd’hui Liliane Grenier Raymond, 91 ans, à l’époque conseillère municipale. Je lui ai donné la main. Mes frères étaient des péquistes mur à mur et ils étaient en maudit. Je leur ai dit que j’étais là pour représenter la population. J’ai été polie, mais je me suis gardé de lui faire la révérence », poursuit-elle.
Sous une publication Facebook des Archives de la Côte-du-Sud datant du 22 octobre 2016, plusieurs personnes témoignaient de leurs souvenirs en lien avec le passage d’Élisabeth II. Congé scolaire et salon de coiffure fermé pour l’occasion étaient du nombre d’entre eux.
« Je me souviens d’avoir prêté une toile de paysage d’hiver pour décorer son salon à l’ITA », écrivait Sylvie Lemelin. « J’y étais, je lui ai donné un bouquet de fleurs. J’en garde un très beau souvenir. Un honneur pour moi », ajoutait plus bas Marie-Andrée Dallaire.
Élisabeth II est décédée le 8 septembre à l’âge de 96 ans au château de Balmoral en Écosse. Son règne de 71 ans est le plus long de tous les monarques britanniques. Son fils Charles III, 73 ans, premier dans l’ordre de succession, accède de facto au titre de roi du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, ainsi que de quatorze autres États souverains appartenant au Commonwealth, dont le Canada.