Les électeurs de Côte-du-Sud sont les grands oubliés de la récente élection provinciale.
Alors que la porte était grande ouverte pour faire minimalement croire aux électeurs de Côte-du-Sud qu’ils étaient un peu plus importants qu’ils en sont rendus à le croire, personne – à part peut-être le chef du Parti conservateur – n’a tenté de les convaincre du contraire.
Pas un seul chef – sauf Éric Duhaime qui a marché à La Pocatière – ne s’est arrêté au Kamouraska. Dominique Anglade du Parti libéral a fait un saut à Montmagny qui ne passera pas à l’histoire en début de campagne, pour saluer son candidat et surtout l’ancien député Norbert Morin. Puis François Legault a mangé une crème molle aussi à Montmagny, après avoir présenté son candidat du comté… dans Bellechasse, la circonscription voisine!
Pourtant, la table était mise. Les élus se sont plaints que le comté a manqué des opportunités, comme la médecine vétérinaire à l’ITAQ. Les citoyens se sont demandé s’ils étaient des électeurs de seconde zone lorsque la députée caquiste Marie-Eve Proulx s’est vue perdre son ministère pour des allégations d’harcèlement… mais pas son poste de députée.
Pourquoi le Parti Québécois et Québec solidaire n’ont pas profité de leurs nombreux va-et-vient dans l’Est-du-Québec pour saluer leurs candidats Michel Forget et Guillaume Dufour, de fiers soldats qui se présentent respectivement pour la troisième et la seconde fois? Il aurait été si facile de manger un blé d’Inde avec eux, tout en pestant contre la députée caquiste des quatre dernières années. La réponse semble simple; les gains semblent beaucoup plus probables vers l’est que dans ce comté sandwich, pris entre la réalité de Chaudière-Appalaches et l’autre réalité du Bas-Saint-Laurent.
Pourquoi François Legault, chef de la CAQ, n’a-t-il pas fait un petit saut à Saint-Alexandre ? La Pocatière ? Voire même Saint-Jean-Port-Joli ? Avant le début de son règne, il n’hésitait pas une seconde à faire un petit coucou chez Bombardier pour semer quelques graines politiques. Sa présence au Kamouraska aurait sans doute plu aux électeurs ambivalents qui l’apprécient encore, mais qui se questionnent sur le positionnement du comté au sein de ce gouvernement.
La réalité, c’est que Côte-du-Sud est une patate chaude pour tout le monde. Le Parti libéral est à l’agonie comme dans plusieurs régions de la province. Québec solidaire et le Parti Québécois savaient que la lutte se jouait entre la CAQ et le Parti conservateur et avaient mieux à faire quelques kilomètres plus à l’est.
Quant au Parti conservateur, le candidat aura au moins eu le mérite de se faire voir et connaître dans l’est du comté. Son chef est venu plusieurs fois, mais cela n’aura pas été suffisant pour renverser la tendance.
Maintenant que Mathieu Rivest est le nouveau député de la CAQ, des ponts sont à rebâtir d’un bout à l’autre de Côte-du-Sud. Le travail ne sera pas de tout repos, car les attentes sont élevées. Son style « positif » et son désir de rassembler seront sans doute mis à rude épreuve, et il aura grand besoin de ses collègues – et de son chef – pour convaincre les habitants de la région qu’ils sont une priorité pour lui et ce gouvernement.
Résultats dans Côte-du-Sud
Mathieu Rivest, CAQ : 47,69 %
Frédéric Poulin, PCQ : 23,41 %
Michel Forget, PQ : 12,77 %
Guillaume Dufour, QS : 9,33 %
Sylvain Lemieux, PLQ : 6,31 %
Sylvain Cloutier, ÉA : 0,49 %