La réutilisation de la drêche issue de la fermentation de la bière est déjà très répandue pour l’alimentation animale ou la production de sous-produits alimentaires destinés aux êtres humains. Le Centre de développement bioalimentaire du Québec (CDBQ) a développé un nouvel usage inusité : la création de microbilles exfoliantes pour les produits cosmétiques.
Les microbilles de plastique, présentes jadis en quantité dans nombre de produits cosmétiques, ont pendant longtemps pollué les sols et les eaux, avant qu’elles ne soient interdites à partir de 2018. Elles ont depuis été remplacées par des microbilles biodégradables, certaines réalisées à partir de cellulose purifiée. À partir de la littérature existante sur le sujet, le CDBQ, désormais muni d’installations en alcools et boissons fermentées, a choisi de mener une expérimentation à partir de la cellulose de drêche pour concevoir de nouveaux types de microbilles biodégradables.
« La drêche représente environ 90 % des déchets de l’industrie brassicole lorsque l’étape de fermentation de la bière est complétée. Les usages les plus courants sont l’incorporation des drêches, qui sont riches en fibres et en protéines, dans les sous-produits destinés à l’alimentation humaine. On a travaillé autant là-dessus que sur la conception de microbilles biodégradables », raconte Vincent Banville, directeur scientifique.
Les recherches menées par le CDBQ ont permis d’établir que pour 1 kg de drêche, on obtient 0,5 kg de microbilles. « C’est très bon », précise Vincent Banville. Au bout du processus, les microbilles biodégradables ainsi créées ont les mêmes propriétés que celles recherchées par l’industrie cosmétique en matière de résistance et d’abrasivité. Elles seraient tout aussi performantes que des microbilles confectionnées à partir de noix de Grenoble moulues, usage de plus en plus courant au sein de l’industrie. « En plus, elles se dégradent relativement vite dans l’environnement, en quelques mois tout au plus pour le shampoing ou le savon », résume le directeur scientifique.
Ce projet de recherche, financé par le programme Innov’Action agroalimentaire du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), a été mené durant trois ans par le CDBQ lui-même. Deux entreprises, dont la gamme de produits bien connue ATTITUDE, se sont greffées par intérêt au projet. Une étudiante de l’UQAR a également participé à ce projet considéré comme une application non traditionnelle des résidus de la drêche de bière.
