Pompier volontaire depuis 51 ans

Raymond Lévesque. Photo : Maxime Paradis

À 77 ans bien sonnés, Raymond Lévesque est le doyen des pompiers de Mont-Carmel. Celui qui a toujours évolué comme chauffeur de camion et opérateur de pompe pratique ce métier volontairement depuis 51 ans. Encore en bonne santé et toujours aussi passionné, ce n’est pas demain la veille qu’il prévoit arrêter.

Raymond Lévesque l’avoue d’emblée, il était plus à l’aise de revenir sur sa carrière de plus de 50 ans comme pompier volontaire dans un article de journal que d’avoir une fête en son honneur. Surnommé « Mon-Mon » par ses collègues, il a joint la brigade de Mont-Carmel en 1972, alors qu’il était âgé de 26 ans.

« Il y avait eu des démissions en bloc au conseil municipal, chez les employés municipaux, et même chez les pompiers. Le nouveau maire était venu me voir pour me demander de travailler pour la Municipalité. Dans ce temps-là, quand tu devenais employé municipal, c’était pratiquement automatique, tu devenais aussi pompier volontaire », se rappelle-t-il.

Sans formation dans ce domaine, Raymond Lévesque s’est donc retrouvé à devoir bâtir une brigade à partir de zéro, avec le chef pompier de l’époque. Les choses ont bien changé depuis, reconnaît aujourd’hui le pompier septuagénaire. La caserne de Mont-Carmel a entre autres intégré la Régie intermunicipale en protection incendie du Kamouraska Ouest, et les formations sont devenues légion, ce qu’il est loin de déplorer.

« Juste avec la formation de RCR à laquelle j’ai eu accès comme pompier, j’ai été en mesure de sauver trois personnes dans ma vie : deux qui se sont étouffées, et une autre – mon beau-frère – qui a été victime d’une hémorragie externe à la suite d’une opération. Une chance que j’étais là », dit-il, encore émotif.

Nombreux souvenirs

De ces 51 années passées comme pompier volontaire, Raymond Lévesque retient une multitude d’incendies marquants qui ont eu lieu à Mont-Carmel. Il cite entre autres le feu à l’Auberge du lac de l’Est, il y a quelques années à peine, ou encore celui à l’ancienne usine de meubles, que la brigade avait pratiquement réussi à éteindre avant de manquer d’eau.

« On était branché sur le nouveau réseau d’aqueduc. On ne pensait pas qu’on manquerait d’eau. Le feu était maîtrisé, mais il a fallu aller se remplir dans une citerne. Le temps qu’on revienne, le feu avait repris de plus belle. C’était l’hiver et il faisait très froid. Nos lances ont gelé et on l’a [le feu] échappé. »

Ces événements malheureux ne ternissent heureusement pas les réussites, qui sont beaucoup plus nombreuses. Plusieurs feux de cheminée qui auraient pu dégénérer ont été rapidement contrôlés, mentionne Raymond Lévesque. « Il n’y a eu aucune perte de vie à Mont-Carmel depuis que je suis en service », poursuit-il fièrement.

Faits d’armes

Les faits d’armes de Raymond Lévesque lui ont aussi valu au fil des ans diverses reconnaissances, notamment des trophées, « deux ou trois qui traînent à la maison », avoue-t-il bien humblement, sans oublier une médaille distinctive qui souligne son service exemplaire, et qu’il arbore dignement sur son uniforme. Un écusson qui dévoile l’année de son entrée en service se trouve aussi en permanence sur son épaule gauche.

Toujours en forme, le pompier volontaire ne ressent pas le besoin d’arrêter de sitôt. Retraité depuis l’âge de 65 ans, il est d’avis que c’est en gardant « la machine [le corps] bien huilée » qu’on repousse les inconvénients physiques liés à la vieillesse. « Je ne cacherai pas que j’ai quelques raideurs à l’occasion, mais tant que la Régie voudra bien me garder dans la brigade, et que je ferai l’affaire à mon poste, à moins que je doive céder ma place à des plus jeunes, j’ai bien l’intention de continuer. »