Conciliation études-travail : La persévérance scolaire, « l’affaire de tous »

Photo : MChe Lee (unsplash.com)

En 2021, près de 60 % de la population de Région L’Islet n’atteignait pas le niveau 3 en littératie, soit le seuil nécessaire au bon fonctionnement d’un individu dans la société. Entre-temps, le taux de chômage de la MRC atteignait 1,9 % en décembre.

Selon Ariane Cyr, directrice générale de Partenaires pour la réussite éducative de Chaudière-Appalaches (PRÉCA), il n’y a pas de réponse claire quant aux particularités du décrochage scolaire dans la région. « Ce qu’on sait, c’est que le marché de l’emploi est favorable. Il y a un contexte d’opportunité. C’est facile pour les jeunes d’avoir accès à l’emploi », soutient-elle.

Les chiffres sont parlants : dans la MRC, pour chaque 100 travailleurs qui quittent le marché de l’emploi, il y en a seulement 42 pour les remplacer. En 2016, l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire a révélé que 71 % des jeunes de Chaudière-Appalaches travaillaient pendant leur secondaire, contre 53 % ailleurs au Québec. Le dilemme de travailler pendant ses études n’est pas nouveau, mais il s’est exacerbé pendant la pandémie, affirme Mme Cyr, qui croit que ces chiffres ont certainement augmenté depuis.

Naviguer à l’aveuglette

Faute de statistiques plus récentes, la directrice générale partage ses constats : les jeunes de la région travaillent un plus grand nombre d’heures, et commencent à travailler plus tôt, parfois dès 11 ans. Cette observation l’inquiète. « Il y a peu de chances, quand un phénomène social comme ça survient, qu’il s’arrête de façon spontanée. (…) Quand les jeunes commencent à travailler, c’est rare qu’ils reculent en nombre d’heures qu’ils y mettent pendant leurs études. »

La directrice du PRÉCA met en garde contre le fait que les études réalisées sur le travail des jeunes au secondaire datent. « Les études à l’époque portaient sur des jeunes de 16 ou 17 ans. Les études sur l’impact du travail pendant les études des jeunes de 12 ou 13 ans, il n’y en a pas. Donc, en réalité, on navigue à l’aveugle pour ces nouveaux jeunes-là », dit-elle, tout en les appelant à être « triplement vigilants ».

Risques

Ariane Cyr fait valoir qu’il n’y a pas de niveau d’études postsecondaires idéal ; celui-ci est propre à chacun. Cependant, la trajectoire de vie empruntée par les personnes n’ayant pas obtenu leur diplôme d’études secondaires pourrait avoir de graves conséquences.

Dans son feuillet de sensibilisation au décrochage scolaire, le PRÉCA compile des données de diverses études au sujet d’adultes non diplômés. On y rapporte notamment une augmentation des risques pour la santé physique et mentale, une réduction de la participation active à la société, et un plus grand risque d’incarcération. Comparativement aux personnes ayant obtenu un diplôme d’études supérieures, celles non diplômées auraient une espérance de vie réduite de sept à neuf ans.

Pour la directrice générale, le travail du PRÉCA, en collaboration avec ses partenaires, est comparable à un jeu de Tetris. « Ce sont des petits blocs qui se cumulent les uns par-dessus les autres, et à un moment donné, il y en a un de trop. On ne peut pas nécessairement dire que c’est le dernier qui est le plus important, ils ont tous fait en sorte que ça ne fonctionne pas. Ce qu’on essaie de faire, c’est d’éviter que ces blocs-là ne tombent [au mauvais endroit] dans la vie des jeunes. »