La Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ) a tenu son congrès annuel du 2 au 4 mars derniers à Rivière-du-Loup. Après deux ans d’attente, la relève agricole du Bas-Saint-Laurent était particulièrement fière de recevoir les délégations de chaque région du Québec.
Cependant, l’absence d’un représentant du gouvernement a causé une grande déception auprès des producteurs de la relève qui, dans un contexte d’incertitude, craignent pour la pérennité des entreprises agricoles et demandent un appui de leur gouvernement. « On rêve que le gouvernement nous donne des outils pour se maintenir en agriculture. On veut pouvoir dire à nos enfants que c’est grâce à ce gouvernement si on est toujours capable de cultiver nos terres », a lancé au micro Jean-Félix Morin-Nolet, président de la relève agricole de la Mauricie et producteur laitier.
Plusieurs agriculteurs ont par ailleurs profité de l’occasion pour livrer de vibrants témoignages adressés au gouvernement alors que les 160 relèves ont déposé des pots remplis de terre pour décrier la hausse galopante du prix des terres à laquelle s’ajoute la hausse des coûts de production et des taux d’intérêt. « Les pots qui sont devant nous, c’est tellement plus que des pots avec des étiquettes de prix, ce sont des histoires. Des histoires de relèves qui s’inquiètent de la situation actuelle et qui demandent à être écoutées. Ça, ça représente le Québec en ce moment, non seulement sur le prix des terres, mais sur les pressions que vivent les relèves », explique Julie Bissonnette, présidente de la Fédération de la Relève agricole du Québec.
Le prix des terres ne cesse d’augmenter. Leur valeur moyenne a atteint une hausse de 248 % au cours des dix dernières années. À titre d’exemple, dans les Laurentides, les terres agricoles sont 17 fois plus chères qu’il y a 30 ans. Dans un contexte de spéculation, ce sont les grands propriétaires qui y gagnent et la prochaine génération d’agriculteurs demeure la grande perdante. Rappelons que le plus grand propriétaire de terre agricole n’est pas un producteur agricole. « On perd des terres, on perd de la relève, on va finir par perdre des entreprises agricoles. Un jour on va perdre le garde-manger du Québec et le gouvernement reste spectateur », a ajouté Cédric St-Pierre, président de la relève du Bas-Saint-Laurent et producteur de porcs et de lait.
Réunies en congrès pendant trois jours, les relèves agricoles ont collectivement appuyé des demandes visant à mettre en place une loi anti-spéculation sur les terres agricoles; mettre en place des programmes d’aide d’urgence afin d’injecter des liquidités pour les entreprises agricoles; améliorer le soutien aux entreprises dans cette période de crise et de mieux communiquer les programmes et services disponibles; augmenter significativement le budget du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec.
Ces demandes s’ajoutent à celles déjà défendues par les relèves, soit la mise en place d’un incitatif fiscal à la vente d’une terre agricole à une relève et la mise en place d’une obligation à cultiver les terres en friche par les propriétaires. « On porte ce message-là pour toutes les relèves qui sont chez eux en ce moment, qui sont débordées pour essayer de joindre les deux bouts. Ce n’est pas seulement pour nous protéger contre les hausses des taux d’intérêt qu’on fait ça, mais aussi pour protéger notre santé mentale », a conclu Leïla Arbour, représentante à la Fédération pour la Gaspésie et productrice d’agneaux nourris aux algues.
Dans la vidéo préenregistrée qu’il a fait parvenir pour le congrès, le ministre de l’Agriculture André Lamontagne a annoncé aux relèves la mise en place d’une étude sur le prix des terres agricoles. La FRAQ et ses membres attendront avec intérêt les résultats de cette étude.
Source : Fédération de la relève agricole du Québec