L’organisme de dépannage alimentaire l’isletois Soupe au bouton débordait des quatre murs de son local pour répondre à sa mission. Ses opérations ont donc récemment été transférées dans un local plus grand et mieux adapté à ses besoins. Ce changement arrive à un moment où la sécurité alimentaire devient un enjeu qui touche de plus en plus de gens.
Quand Daniel Darveau est arrivé chez Soupe au bouton en automne 2020, la gestion des denrées était déjà difficile. « J’avais des congélateurs à différents endroits. Je pouvais en avoir deux à Tourville, trois dans un entrepôt à Saint-Jean-Port-Joli, deux à Montmagny… ça n’avait pas d’allure. » Il tentait donc de trouver de meilleurs locaux.
Mais entre son entrée en poste et le déménagement dans les nouveaux locaux, en fin novembre 2022, le responsable de Soupe au bouton a vu les demandes d’aide alimentaire presque doubler. À ses débuts, environ 45 personnes par mois venaient chercher des boîtes. Maintenant, ce nombre s’élèverait à 100.
Jusqu’alors, Daniel Darveau affirme que l’organisme a été en mesure de répondre à la demande d’aide alimentaire, même si le volume de dons fluctue chaque mois. « Des fois, les stocks baissent, mais on arrive toujours à avoir les denrées dont on a besoin. Ça va beaucoup mieux ici, comparativement aux grandes villes. » Un espace plus grand permettrait de faire de plus grandes réserves pour pallier les périodes de demandes accrues ou de réduction de dons.
Nouvel espace
En plus de sa superficie plus grande, le nouveau local offre toutes sortes d’avantages pour Soupe au bouton — et les autres organismes du coin. Situé dans un ancien restaurant, l’espace dispose d’une cuisine industrielle, ce qui facilite les activités comme la soupe populaire et les ateliers de cuisine communautaire. Le responsable se réjouit également du fait que l’espace est distribué entièrement au rez-de-chaussée. Les anciens locaux de Soupe au bouton étaient sur deux étages, donc cette disposition « coupe de moitié le travail de déplacement des denrées ».
Le nouveau local facilite le travail des bénévoles à plusieurs égards, mais offre aussi une meilleure confidentialité à la clientèle. « Avant, on recevait les gens à l’entrée. C’était mélangé avec les activités en cours, tout le monde voyait les clients passer. Les boîtes étaient préparées d’avance », se rappelle Daniel Darveau. Actuellement, les personnes qui utilisent le dépannage alimentaire mensuel peuvent se rendre dans un endroit à l’abri des regards, où elles peuvent choisir des aliments dans des réfrigérateurs et sur des tablettes, « comme si elles faisaient leur épicerie ».
Dans un autre coin, connecté directement à l’extérieur par une porte accessible 24 heures sur 24, il y a le « frigo communautaire » alimenté par des épiciers et des producteurs locaux. Ce service serait un « favori ». Selon le responsable, le réfrigérateur en question doit être rempli six à sept fois par jour. Chaque année, cela représenterait environ 50 000 lb de nourriture.
Choyés par la communauté
« Quand tu fais de bonnes choses, les gens autour s’en rendent compte. Et notre mission, c’est d’aider, donc on est choyés au niveau des dons et de la reconnaissance du milieu », relate Daniel Darveau avec humilité. Il dit se sentir particulièrement chanceux d’avoir accès à ce nouveau local, que l’organisme loue à un prix « tellement bas ». Plastiques Gagnon, l’entreprise propriétaire de l’immeuble, aurait « eu un rôle de mécénat auprès de [Soupe au bouton] », soutient le responsable, ajoutant que l’organisme n’aurait jamais eu les moyens de s’installer dans un tel local commercial par lui-même.
Soupe au bouton « donne au suivant » en rendant son espace accessible à divers organismes des environs. Pour Daniel Darveau, s’aider entre organismes va de soi. « Les gens sont généreux. On est chanceux dans notre communauté, ici. »
Le responsable tend d’ailleurs la main à toutes les personnes en difficulté économique, les personnes seules, ou encore celles qui n’ont pas accès à des aliments en quantité suffisante ou de bonne qualité. « Parfois, on n’ose pas demander de l’aide, mais il ne faut pas hésiter. S’il y a un besoin, on est là pour ça. Ce n’est pas fait dans le jugement, au contraire; c’est fait de façon respectueuse et confidentielle des personnes, quelle que soit leur condition. »