Côte-du-Sud : Une visite du ministre Lamontagne sur fond d’inquiétudes dans le monde agricole

André Lamontagne à la Ferme ViGo de Saint-Onésime-d’Ixworth, en compagnie de la copropriétaire Léda Villeneuve et du député de Côte-du-Sud Mathieu Rivest. Photo : Courtoisie

Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation André Lamontagne était de passage en Côte-du-Sud pour une tournée de différents acteurs du secteur agroalimentaire de la circonscription, en compagnie du député de l’endroit Mathieu Rivest. En entrevue exclusive, le ministre a été rattrapé par un sondage de l’Union des producteurs agricoles (UPA) portant sur les conséquences du contexte économique actuel chez ses membres.

Les résultats de ce sondage dévoilé le 12 avril par l’UPA sont sans équivoque : l’inflation, l’augmentation des coûts de production et la flambée des taux d’intérêt font mal aux producteurs agricoles du Québec. Par voie de communiqué, l’UPA souligne que le coût des intrants de production a grimpé de 27,9% entre janvier et septembre 2022, une augmentation près de trois fois supérieure à l’inflation. La pression est donc de plus en plus grande chez les agriculteurs, dont trois entreprises agricoles sur dix des 3675 producteurs interrogés estiment ne pas générer assez d’argent pour couvrir leurs obligations financières.

Au lendemain du dévoilement de ces résultats, André Lamontagne n’a pas caché être sensible à la situation des producteurs agricoles de tout le Québec. Il convient que la situation actuelle est exceptionnelle, car c’est une accélération des différentes augmentations à laquelle les agriculteurs doivent faire face. « En temps normal, au Québec, notre système agricole fonctionne de sorte que la majorité des programmes de soutien aux revenus sont en mesure de capter les différentes hausses des intrants. Dans les circonstances, ce que j’ai demandé au Ministère et à la Financière agricole du Québec, c’est de faire une analyse fine des réalités qui sont vécues, avec une attention particulière à la relève, afin d’offrir l’accompagnement qu’il faut à nos producteurs. »

Une relève mal en point

Cette relève agricole semble d’ailleurs être la première à souffrir du contexte actuel, en témoignent une fois plus les résultats du sondage de l’UPA. Chez les entreprises ayant entre zéro et cinq ans d’existence, près de trois sur dix estiment être déjà en mauvaise ou en très mauvaise santé financière. La hausse des taux d’intérêt qui fait déjà mal aux entreprises bien établies, au point où six fermes sur dix entendent diminuer ou reporter leurs investissements en cours d’année, se vit encore plus difficilement chez la relève qui fait face par-dessus le marché à une hausse du prix des terres agricoles.

Partout au Québec, la valeur moyenne des terres agricoles a bondi de 248% au cours des dix dernières années. En entrevue avec Le Placoteux le mois dernier, le président de l’Association de la relève agricole du Bas-Saint-Laurent (ARABSL), Cédric St-Pierre, mentionnait que l’acre se vendait actuellement autour de 2000 $ dans la région de Rimouski. Au Kamouraska, où les terres sont réputées parmi les meilleures du Bas-Saint-Laurent, ses informations laissaient sous-entendre un prix oscillant entre 5000 et 6000 $ l’acre. « Ça demeure dans les prix les plus bas au Québec, mais on est quand même impacté par de grosses augmentations », soulignait-il.

Le président de L’ARABSL, affiliée à la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ), n’avait pas non plus nié que l’oreille du ministre Lamontagne était au rendez-vous face à cet enjeu. Or, les solutions proposées par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) ou par la Financière agricole du Québec consisteraient toujours en des « programmes [qui] ne sont pas à jour » et qui « n’ont pas suivi l’augmentation du prix des terres et des intrants à la ferme », disait-il. « Avec la FRAQ, on fait pression pour que le gouvernement les actualise », avait-il ajouté.

Le 13 avril, André Lamontagne a plutôt réitéré en engagement de sa formation politique lors de la dernière campagne électorale, soit la création d’un Fonds de capital patient. Celui-ci serait doté d’une enveloppe de 50 M$ et viserait l’accessibilité à la terre. Ce programme sera-t-il géré par le MAPAQ ou par la Financière agricole du Québec? « On s’est engagé à le mettre en place, mais pour le moment, nous sommes encore au stade de l’idéation. »