La Régie Kamouraska-Ouest suspend les sauvetages nautiques

Embarcation de la Régie Kam-Ouest. Photo : Patrick Bergeron, Courtoisie Radio-Canada Bas-Saint-Laurent

La Régie intermunicipale en protection incendie du Kamouraska-Ouest n’interviendra plus sur le fleuve ni sur les plans d’eau de son territoire, du moins, pour le moment. Le conseil d’administration a pris la décision de suspendre temporairement les sauvetages nautiques, le temps de connaître les recommandations qu’émettra le ministère de la Sécurité publique en la matière.

Le président de la Régie Kamouraska-Ouest Gilles Martin a tenu à préciser que cette décision n’est pas liée aux décès par noyade des deux pompiers survenus le 1er mai dans Charlevoix, alors qu’ils tentaient de venir en aide à des citoyens dont la résidence menaçait d’être emportée par les flots de la rivière du Gouffre.

« La décision a été prise avant ça, lors de notre réunion du 18 avril. Mais quand on regarde ce qui est arrivé dans Charlevoix la semaine dernière, ça nous rend encore plus à l’aise avec notre choix », poursuit Gilles Martin.

La Régie intermunicipale en protection incendie du Kamouraska-Ouest était jusqu’à maintenant la seule brigade de pompiers à faire du sauvetage nautique dans tout le Kamouraska. Elle a développé cette compétence en raison de la présence du fleuve Saint-Laurent, de la rivière Ouelle et des nombreux lacs sur son territoire, dont le lac Saint-Pierre et le lac de l’Est à Mont-Carmel.

Cette particularité figurait même dans le schéma de couverture de risque adopté en 2020, ce qui a motivé à l’époque l’achat d’une embarcation. Or, les interventions n’ont pas été si nombreuses. « Une seule sortie au cours des quatre dernières années », précise Gilles Martin.

Recommandations

L’émission prochaine de recommandations par le ministère de la Sécurité publique pour mieux encadrer le sauvetage nautique par les services de sécurité incendie de la province a motivé la décision du conseil d’administration de la Régie Kamouraska-Ouest de suspendre son service.

« Actuellement, tous les services de sécurité incendie gèrent ça à leur façon. Il n’y a pas de directives claires », ajoute-t-il.

Ces grandes lignes seront dévoilées lors du congrès national de l’Association des gestionnaires en sécurité incendie et civile du Québec, prévu à Rivière-du-Loup du 20 au 23 mai prochains.

Elles s’inscrivent dans la foulée des recommandations émanant du rapport du coroner dans le dossier du pompier Pierre Lacroix, décédé en octobre 2021 à Montréal lors d’une intervention sur le fleuve Saint-Laurent en compagnie de trois autres de ses collègues. 

Lorsque ces recommandations seront connues, la Régie décidera si elle maintient ou non sa décision. Selon Gilles Martin, les premiers échos de ces recommandations laissent toutefois craindre que la barre soit haute à l’avenir pour pouvoir pratiquer le sauvetage nautique.

« Nos pompiers devront-ils tous avoir une classe bronze en natation, ou un permis de conducteur d’embarcation de Transports Canada? Quels seront les coûts pour ces formations et le maintien des compétences? Si c’est déjà compliqué pour une grande ville, imaginez des recommandations aussi restrictives pour un service comme le nôtre, qui repose sur des pompiers volontaires. »

Délais plus longs

Le président de la Régie intermunicipale en protection incendie du Kamouraska-Ouest est conscient qu’avec la décision adoptée le 18 avril dernier, les délais d’intervention risquent d’être beaucoup plus longs advenant l’obligation de réaliser un sauvetage nautique.

La Garde côtière canadienne a la responsabilité d’intervenir sur le fleuve, alors que cette charge est déléguée à la Sûreté du Québec (SQ) sur les autres plans d’eau comme les rivières et les lacs.

« Les autres services au Kamouraska peuvent témoigner que c’est effectivement plus long quand il faut attendre après la Garde côtière ou la SQ. C’est pourquoi on fait cette annonce maintenant, pour que les gens redoublent de prudence lors de leurs sorties nautiques », conclut-il.

Photo : Patrick Bergeron, Courtoisie Radio-Canada Bas-Saint-Laurent